L’extrême droite suisse veut obtenir l’interdiction du voile à l’école
L’extrême droite suisse se mobilise pour interdire le voile à l'école dans toute la Suisse. Le comité d'Egerkingen, proche de l’UDC, a déposé une pétition ce lundi à Berne, à l’attention du Conseil fédéral.
Le comité d'Egerkingen, proche de l'UDC (Union démocratique du Centre), un parti d’extrême-droite et à la ligne anti-islam, a déposé lundi à Berne une pétition munie de 12 000 signatures. Cette démarche fait suite à un débat très violent qui a eu lieu l'été dernier en Suisse alémanique.
La commune d’Eschenbach, une localité de quelque 10 000 habitants dans le canton de Saint-Gall, a refusé d’embaucher une enseignante voilée qui postulait pour un emploi dans l’école primaire locale.
La commune avait expliqué répondre à la mobilisation de nombreux habitants qui demandaient un enseignement "religieusement neutre".
Ce fait divers est vite devenu une affaire politique car rien dans la législation suisse au niveau fédéral ne prévoit une telle interdiction même si les cantons gardent la gestion des affaires éducatives.
À la suite de cette affaire, les parlements cantonaux de Saint-Gall et d'Argovie ainsi que celui de Zurich envisagent d’interdire le voile à l’école.
La pétition ne vise que l’Islam
La pétition du comité d'Egerkingen demande d'interdire les foulards liés à l'islam dans les écoles publiques suisses, des enseignants aux élèves, de l'école maternelle à l'université.
Anian Liebrand, le directeur du comité d'Egerkingen avance la carte féministe sur le site Facebook du comité pour justifier l’interdiction du voile : “Pour les professeurs, nous refusons le port du voile pour des raisons de neutralité, pour les jeunes élèves, il s’agit de les protéger de toute discrimination, elles doivent pouvoir être libres à l’école sans coercition.“
Mais il faut souligner que le texte déposé ne prévoit aucune interdiction pour les couvre-chefs d'autres religions. Walter Wobmann, président du comité d'Egerkingen et ancien conseiller national UDC (Union démocratique du centre) estime tout simplement que le foulard islamique est incompatible avec les valeurs suisses dans une interview sur la chaîne RTS: "Le foulard symbolise des valeurs très différentes de celles de notre pays, qui est un pays démocratique et libre. Et des positions aussi extrêmes que celles incarnées par l'islam politique n'ont rien à y faire. Il ne faut pas qu'elles s'implantent pas à pas."
Un texte clairement anti-Islam
Le texte demande également l’interdiction de déplacer les examens lors du jeûne du ramadan, ou celle des congés pour les fêtes musulmanes. Une manière, selon Walter Wobmann, de limiter l'empreinte de l'islam à l'école.
"Nous ne voulons pas de règles spéciales pour les enfants musulmans, parce que nous vivons dans un pays d'orientation chrétienne, un pays occidental. Et il n'est certainement pas nécessaire d'avoir une nouvelle religion à l'école qui deviendrait alors dominante, “argumente -t-il.
Le Conseil fédéral doit maintenant prendre acte de la pétition même s’il a récemment rejeté l'idée d'interdire le voile pour les élèves, privilégiant une approche plus libérale selon laquelle les femmes musulmanes décident elles-mêmes de le porter ou non.
Mais le comité d'Egerkingen veut nourrir le débat dans l’espace politique helvétique. Pour rappel, ce comité a déjà connu plusieurs succès en votation, il est à l’origine de l'interdiction des minarets (2009) et de celle de la burqa (2025) et il mobilise actuellement ses troupes pour lancer une initiative populaire sur le voile à l’école.
Les citoyens suisses peuvent en effet demander une révision de la Constitution en déposant 100 000 signatures récoltées dans un délai de 18 mois.