Au matin du 1er décembre 1944, au camp militaire de Thiaroye, située non loin de la capitale Dakar, des troupes coloniales avaient tiré sur ordre d'officiers de l'armée française sur des tirailleurs rapatriés après avoir combattu pour l'armée française en Europe lors de la Seconde Guerre mondiale.
Ces tirailleurs, originaires de plusieurs pays ouest-africains (Soudan français — devenu aujourd'hui le Mali —, Sénégal, Côte d'Ivoire, Guinée, Haute-Volta — devenue le Burkina Faso) réclamaient le paiement d'arriérés de solde avant de regagner leurs foyers.
Le traumatisme lié à leur massacre est toujours vif au Sénégal et dans les autres pays concernés.
Un devoir de mémoire réaffirmé
"Le combat pour Thiaroye est un combat pour l'âme du Sénégal et de l'Afrique, pour que plus jamais un peuple ne soit nié dans son histoire, sa dignité et même son droit à exister librement", a lancé le président sénégalais lundi, lors de la cérémonie en présence du président gambien Adama Barrow, et de représentants des Comores, de Côte d'Ivoire, de Mauritanie, du Togo, du Cameroun et du Tchad.
"Le combat pour la justice ne s'effacera jamais de notre mémoire collective. Le sang versé fut celui de l'Afrique", a-t-il martelé.
"J'ai ordonné des fouilles archéologiques sur le site de Thiaroye. La France, par la voix de son président, vient de proposer de mettre à disposition son expertise et son savoir-faire à nos archéologues", a annoncé M. Faye.
"Le travail de mémoire est aussi tourné vers l'avenir. Le gouvernement [sénégalais, NDLR] s'engage à renforcer [l'histoire de] Thiaroye dans nos programmes scolaires. Cette transmission [sur Thiaroye] doit continuer. Nos enfants doivent en connaître les récits et les séquences", a exhorté le président sénégalais.
Mi-octobre, un livre blanc sur le massacre de Thiaroye avait été remis jeudi au président sénégalais, qui l'avait qualifié d'"étape décisive dans la réhabilitation de la vérité historique" sur l'un des derniers dossiers mémoriels douloureux entre la France et le Sénégal.
En avril 2024, les autorités sénégalaises, qui se réclament du souverainisme, avaient mis en place ce comité de chercheurs auteurs du Livre blanc.
Des zones d'ombre subsistent encore sur les circonstances du massacre, le nombre des tirailleurs tués, leur identité, le lieu de leur inhumation.
En novembre 2024, à l'approche du 80ème anniversaire des événements de Thiaroye, le président français Emmanuel Macron avait reconnu que les forces coloniales françaises avaient commis un "massacre" à Thiaroye.














