France: un jeune pompier bénévole victime de harcèlement raciste à la caserne de Gigean

Un jeune sapeur-pompier de 18 ans aurait été victime, entre 2020 et 2021, de harcèlement et d’insultes racistes au sein de la caserne de Gigean, dans l’Hérault.

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Uniforme des "Jeunes Sapeurs Pompiers" (JSP) au centre des Pompiers et de Secours à Chessy, à l'est de Paris.

Trois personnes — un officier, sa fille et un policier municipal — seraient impliquées, accusées d’avoir multiplié les humiliations, les menaces et les messages à caractère pédophile visant le jeune pompier et sa famille.

D’après Mediapart, le journal d’investigation français en ligne, les faits se seraient déroulés principalement via un groupe WhatsApp. Propos racistes, montages pédopornographiques, menaces avec couteau ou arme de service, et mises en scène humiliantes ont été adressés à la victime. 

Le rapport interne du Sdis 34 (Service Départemental d’Incendie et de Secours), daté de décembre 2024, détaillerait notamment des vidéos de menaces armées, des clés de bras et immobilisations, ainsi qu’un photomontage sexuel visant la sœur de la victime, âgée de 10 ans. Parmi les messages racistes relevés, l’un d’eux aurait indiqué : “Les Arabes n’ont aucun droit à part celui de la fermer”.

D'après la même source, les principaux auteurs, contactés par le média, ont justifié leurs actes en invoquant l’humour et la camaraderie. “Avec [M.] on était amis, c’étaient des blagues. C’était dans la sphère privée”, a expliqué l’officier impliqué. 

Le policier municipal, lui, a nié toute responsabilité dans l’utilisation de menottes sur la victime. 

Le jeune pompier n’a jamais déposé plainte, mais a quitté la caserne avant ses 20 ans après plusieurs années d’engagement bénévole. Une source interne citée par Mediapart estime que la victime, le seul jeune sapeur-pompier issu de l’immigration, aurait été “le souffre-douleur” du groupe.

Selon le Collectif Contre l'Islamophobie en Europe (CCIE), le jeune pompier serait profondément marqué par cette expérience et aurait renoncé à son engagement.

Le CCIE a publié, sur ses réseaux sociaux, un rapport interne corroborant ces faits, précisant que les trois personnes suspectées seraient à l’origine de menaces, de messages à caractère pédophile, et de mises en scène humiliantes. 

Le Collectif a indiqué que le Sdis 34 avait engagé une procédure disciplinaire, conformément à sa politique de “tolérance zéro”. Selon le CCIE, l’un des mis en cause a déjà été muté et pourrait être révoqué.


Au printemps 2025, le Sdis 34 a diligenté une enquête interne et demandé la mutation de l’officier identifié comme meneur. La sœur de ce dernier, également impliquée dans les messages, s’est mise en indisponibilité alors que le policier municipal est resté en poste à Gigean. Éric Florès, patron du Sdis 34, a déclaré à Mediapart avoir suivi la procédure habituelle et envisager un signalement au procureur conformément à l’article 40 du code de procédure pénale.

Cette affaire s’inscrit dans un contexte national plus large. Mediapart rappelle qu’en mars 2025, plusieurs sapeurs-pompiers avaient dénoncé un “ racisme décomplexé” et souvent impuni dans plusieurs départements français. En octobre 2025, des pompiers de Paris ont été impliqués dans une soirée à caractère raciste dans l’Aube.

Le jeune M., qui a préféré rester discret, n’a pas souhaité s’exprimer publiquement sur cette affaire. Le Sdis 34 assure que les mesures disciplinaires se poursuivent et que tous les faits graves signalés feront l’objet d’une réponse adaptée. 

Selon le CCIE, cette situation constitue un nouvel exemple préoccupant de violences institutionnelles, banalisées sous couvert de “jeu”, où le racisme occupe une place centrale.