Le Soudan dénonce le “silence international” face aux atrocités à El-Fasher et Bara

Le ministre des Affaires étrangères, Mohieldin Salem, rencontre la directrice générale de l'OIM, Amy Pope, à Port-Soudan.

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La détresse d’une habitantes d’El-Fasher.

Le ministre soudanais des Affaires étrangères, Mohieldin Salem, a condamné, lundi, le silence de la communauté internationale face aux “violations” continues commises par les Forces de soutien rapide (FSR) à El-Fasher, au Nord-Darfour, et à Bara, au Nord-Kordofan.

Ces déclarations ont été faites lors de sa rencontre à Port-Soudan avec la directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Amy Pope, arrivée au Soudan pour une visite de cinq jours, selon l'agence de presse officielle SUNA.

M. Salem a dénoncé “le silence de la communauté internationale face aux violations continues commises par les FSR à El-Fasher et Bara”.

Il a mis l’accent sur “la nécessité d'efforts internationaux concertés pour désigner les FSR comme une organisation terroriste”.

Le ministre a également réaffirmé l'engagement total du gouvernement à faciliter le travail humanitaire et à assurer la sécurité du personnel humanitaire, soulignant le partenariat continu avec l'OIM, notamment dans les projets soutenant le retour volontaire des migrants soudanais.

Le Soudan est confronté à une crise humanitaire qui s'aggrave en raison du conflit sanglant qui oppose l'armée et les FSR depuis avril 2023, et qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes.

Mme Pope a exprimé sa “solidarité avec le Soudan suite à la récente prise de contrôle d'El-Fasher par les FSR et aux violations graves et généralisées commises contre les habitants et les civils, qui ont contraint un grand nombre d'entre eux à fuir vers les régions d'al-Dabba, dans l'État du Nord, et de Tawila, au Nord-Darfour”, selon l'agence.

La directrice générale a réaffirmé le partenariat de l'OIM et ses efforts pour répondre aux besoins humanitaires des personnes nouvellement déplacées à al-Dabba et Tawila.

Au cours de sa visite, Mme Pope rencontrera également plusieurs responsables et effectuera des visites de terrain à al-Dabba et Khartoum afin d'évaluer la situation des personnes déplacées d'El-Fasher et d'examiner les efforts du gouvernement en matière de reconstruction, de développement et de retour volontaire, selon SUNA.

Meurtres en série et torture

La ville de Bara, au Nord-Kordofan, a également connu des déplacements massifs après la prise de contrôle par les forces des FSR le 25 octobre, dans le cadre de leur guerre contre l'armée soudanaise. Les autorités et les organisations accusent les Forces de soutien rapide (RSF) de meurtres et d'actes de torture, des allégations que ces dernières rejettent, affirmant ne pas cibler les civils.

Près de 89 000 personnes ont été déplacées d'El-Fasher et de ses environs au Nord-Darfour le mois dernier, selon l'OIM.

Le 26 octobre, les RSF ont pris le contrôle d'El-Fasher et y ont commis des massacres, selon des organisations locales et internationales, alors que des avertissements avaient été émis quant au risque que cette offensive n'accentue la partition géographique du pays.

Sur les 18 États du Soudan, les RSF contrôlent actuellement les cinq États de la région du Darfour, à l'exception de certaines parties du nord du Nord-Darfour, qui restent sous l’autorité de l'armée. Cette dernière conserve le contrôle de la plupart des zones des 13 autres États du sud, du nord, de l'est et du centre du pays.

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