Madagascar: déçue par le gouvernement, la GenZ va rester vigilante
Le nouveau Premier ministre malgache Herintsalama Rajaonarivelo a annoncé, mardi, la composition du nouveau gouvernement. Un gouvernement de compromis et de transition qui déçoit la GenZ dont les manifestations ont fait chuter le président Rajoelina
Durant les manifestations, les mots d’ordre étaient simples, “nettoyage du système, réformes en profondeur et lutte contre la corruption”.
Le mouvement de protestation est né en septembre à cause des coupures incessantes d’eau et d’électricité. Le mouvement prend de l’ampleur et les appels au départ du président Rajoelina se multiplient.
Dans la rue, la jeunesse malgache est très impliquée. Finalement, tout se précipite avec le départ du chef de l’Etat et son remplacement par le militaire Randrianirina.
Le compte instagram de la GenZ Madagascar reprend les mêmes slogans en y ajoutant un “non au recyclage” des élites politiques.
A l’annonce du nouveau gouvernement, une forme de déception surgit au sein de la GenZ, qui avait proposé de rejoindre les nouvelles institutions malgaches.
La GenZ se pose en vigie
Audrey Randriamandrato, représentante GenZ Madagascar diaspora admet une forme de dépit. “On retrouve des personnes qui sont en position un peu de vengeance par rapport à l’ancien gouvernement, la GenZ n’est pas totalement contre ce gouvernement mais elle veut être un garde-fou. Nous n’avons pas été inclus dans les négociations pour la formation du gouvernement, on ne retrouve pas non plus les critères que nous avions posés pendant les manifestations”.
Malgré tout, la GenZ n’envisage pas de reprendre les manifestations dans la rue. Sa priorité aujourd’hui est d’organiser le mouvement né des manifestations avec la mise en place de relais dans les comités populaires locaux. 80% de la population malgache vit en zone rurale, rappelle la représentante de GenZ Madagascar.
“Nous, aujourd’hui, on se pose comme un organe consultatif, capable de proposer des projets, des initiatives citoyennes pour qu’on puisse garder cette crédibilité née des manifestations”.
Ces jeunes ont écrit une charte de la transition citoyenne qu’ils veulent faire connaître et signer par la population malgache. Cette Charte est un engagement à refonder le système politique qui s’appuie sur quatre piliers : la souveraineté nationale, la transparence, la participation citoyenne et la dignité collective. Le mouvement appelle à placer les besoins essentiels — accès à l’eau, à l’électricité, à l’information — au cœur de l’action publique. La transparence des contrats miniers est, par exemple, une des idées défendues par les GenZ.
Tiko S.A va redémarrer
Et comme le président malgache qui donne deux mois au gouvernement pour prouver son efficacité, la GenZ Madagascar donne deux mois aux ministres pour améliorer la vie des Malgaches. L’amélioration des services reste un point central de leur mobilisation.
“On va être attentifs. Est-ce que la direction de la Jirama (société publique de distribution d’eau et d'électricité) sera toujours la même, est-ce que les coupures auront disparu ? On va rester vigilants”.
Le président malgache a interdit aux ministres de quitter la Grande île pendant trois mois. Il fera un bilan de leur action dans deux mois.
Audrey Randriamandrato souligne que la population malgache garde l’espoir de voir une amélioration de la situation. “Sous la présidence de Rajoelina, il y a eu beaucoup de corruption, du clientélisme, des choses indécentes comme la promesse de faire de Tamatave, un nouveau Miami, ou encore un projet de stade. Ce n’est pas ce que recherchent les Malgaches”.
Le changement politique ouvre, en tout cas, de nouvelles perspectives pour la population locale. Ainsi, l’ancienne entreprise agroalimentaire TIKO, qui était à l'arrêt depuis dix ans, a annoncé, il y a quelques jours, qu’elle allait rouvrir et qu’elle recrute du personnel. TIKO S.A était connue pour ses yaourts et sa production d’huile bon marché.
Les usines du groupe avaient été fermées par l’ancien régime pour non-paiement d’un redressement fiscal. Tiko S.A appartient à l’ancien président Marc Ravalomanana et sa famille et celle-ci avait, alors, dénoncé un coup politique.
En avril, la Banque mondiale a publié son Macro poverty outlook 2025 et les Malgaches sont considérés comme pauvres à 80%. Ils ne disposent que de 2,15 dollars par jour.