Le Liban entre enclume américaine et marteau israélien

Les États-Unis donnent au Liban jusqu’à fin novembre pour désarmer le Hezbollah et Israël menace de reprendre l’offensive, accusant l’organisation libanaise de se réarmer.

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Destruction à Mais al-Jabal au Liban après une frappe isarélienne le 20 octobre

Israël et Washington ont décidé de mettre la pression sur le Liban. 

La tension est montée d’un cran dimanche après que d’importants mouvements de troupes israéliennes ont été observés au sud du Liban provoquant une mobilisation rapide de l’armée libanaise. 

Le même jour, lors du conseil des ministres hebdomadaire, Benyamin Netanyahu a affirmé que le Hezbollah tentait de se "réarmer" et il s’est fait menaçant : "Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", a-t-il averti. 

Dans l’accord de cessez-le-feu signé en novembre 2024, l’armée libanaise doit se déployer au sud du pays et doit désarmer le Hezbollah, ce qui est en cours.

Le Liban un état “failli”

Le même week-end, l’envoyé américain Tom Barrack a secoué le monde politique libanais par ses critiques virulentes. Lors d'une conférence à Manama à Bahreïn, il a considéré le Liban comme un “état failli” et traité ses élus de “dinosaures”.

Barrack qui est l’envoyé américain pour la Syrie et l’ambassadeur en Turquie mais gère également des dossiers au Moyen Orient a brossé un tableau sombre du pays du Cèdre: six guerres en 40 ans, et quatre gouvernements “faillis”. Il s’est même emporté en accusant l’État libanais d’avoir été remplacé par le Hezbollah.

“Dans le sud (du Liban), le Hezbollah gère la distribution de l’eau, l’éducation, et compte 40 000 soldats. L’armée libanaise compte 60 000 soldats. “
“Le seul problème c’est que le soldat du Hezbollah touche 2200 dollars par mois, le soldat libanais 275 dollars par mois.”

Le diplomate américain a conclu en lançant un message clair en direction des autorités de Beyrouth. Pour lui, la seule voie de sortie serait l’ouverture de discussions directes avec Israël pour un plan de paix.

La carotte et le bâton libanais

Joseph Aoun, le président libanais a réagi dès lundi. Dans un communiqué, la présidence a annoncé que le dialogue et la diplomatie restent les seuls moyens de préserver les intérêts nationaux, soulignant que son pays n’a pas d’autre option que de négocier avec Israël. 

Un tabou politique libanais est donc tombé et le geste est clairement là pour calmer l’impatience de Washington.

Mais dans la même semaine, le président de la République Joseph Aoun a ordonné à l’armée libanaise de riposter à toute incursion israélienne au Liban-Sud, “afin de défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens”. 

Les nouvelles autorités libanaises ont progressé dans l’application du cessez-le-feu et l’armée libanaise est bel et bien présente dans le sud. 

En cas de violation, le Liban a le droit de riposter

Cette annonce faisait suite à l’infiltration d’une patrouille israélienne dans la localité de Blida (Marjeyoun) la veille. Depuis le week-end dernier, les troupes libanaises peuvent également détruire les drones israéliens qui terrorisent la population civile, sans demander l’autorisation du comité de surveillance du cessez-le-feu.

Sans doute adressé à sa propre population qui doit croire à un retour de l’autorité de l’État, le message limpide vise également les Israéliens.  

L’accord de cessez-le-feu est clair: en cas de violation, la partie concernée a le droit de se défendre.

Israël a violé cet accord plus de 4 500 fois, tuant ou blessant des centaines de civils, selon l’agence Anadolu. Il continue aussi d’occuper cinq collines libanaises qu’il a prises tout en maintenant sa présence dans certaines zones qu’il contrôle depuis plusieurs décennies, ce qui contrevient aussi aux termes du cessez-le-feu.