Mali: Barrick Gold accepte le nouveau code minier et récupère ses 3 tonnes d’or
Le Mali et Barrick Gold ont trouvé un terrain d’entente à leur différend. Barrick Gold accepte le nouveau code minier et récupère ses 3 tonnes d’or notamment.
Le dégel des relations entre l’Etat malien et Barrick Gold, la multinationale canadienne spécialisée dans l’exploitation de l’or, se confirme. La justice malienne vient d’ordonner la restitution à cette entreprise des 3 tonnes d’or saisies en janvier dernier, rapporte la presse locale et internationale.
Les trois tonnes d’or, dont la valeur est estimée à environ 400 millions de dollars, étaient conservées à Bamako depuis près d’un an.
C’est l'aboutissement d’un processus de normalisation entre les deux partenaires convenu le 25 novembre dernier. Barrick Gold s'engageait alors à retirer sa demande d'arbitrage en instance devant le Centre international pour les différends relatifs aux investissements et à payer les taxes définies par le nouveau code minier.
La multinationale s’est engagée à verser immédiatement 244 milliards de francs CFA (environ 430 millions de dollars).
Cette somme rembourse les arriérés fiscaux et douaniers accumulés entre 2018 et 2024. L'accord ouvre également la voie à des dividendes annuels estimés à 90 milliards de francs CFA.
“Ce montant colossal atteste de la validité de la stratégie malienne”, souligne Goktug Caliskan doctorant en science politique à Istanbul.
Bamako, de son côté, s'était engagé à abandonner toutes les charges contre Barrick, à lui restituer ses cargaisons d’or et à libérer ses employés.
Les relations entre le gouvernement de transition, au pouvoir au Mali depuis 2022, et Barrick Gold se sont brusquement détériorées en octobre 2024, du fait des réticences du groupe minier canadien à appliquer les réformes adoptées par Bamako. Le Mali avait accusé Barrick Gold de devoir à l'État plus de 500 millions de dollars au titre d'impôts.
Nouveau code minier
En août 2023, le Mali a adopté un nouveau code minier avec l’objectif de faire profiter effectivement le pays des ressources de son sous-sol.
Un audit, réalisé en 2022 à la demande des autorités, a révélé que le pays perdait par an entre 500 millions et un milliard de dollars, dans cette exploitation minière qui profitait surtout aux compagnies occidentales, d'où l'adoption d’un nouveau code minier. Celui-ci fixe à 30% la part maximale de l’État dans les mines, introduit une participation de 5% pour les investisseurs locaux et oblige les entreprises minières à verser leurs bénéfices sur des comptes bancaires au Mali.
L’impact financier sur les revenus du Mali est immédiat et spectaculaire. Selon les chiffres officiels du ministère des Mines, cette loi a déjà fait bondir les recettes minières de l’État de 52,5 % en 2024. Elles sont passées de 547,6 à 835,1 milliards de francs CFA. L’or devient ainsi le levier mathématique de la souveraineté.
Cette dynamique s’étend naturellement à l’Alliance des États du Sahel (AES), confédérée depuis juillet 2024. Le Burkina Faso et le Niger suivent les succès de leur voisin avec une attention soutenue. Une harmonisation rapide des politiques minières se dessine pour renforcer leur position commune.
La Côte d’Ivoire n’est pas en reste. Elle vient, elle aussi, d’imposer une redevance brute de 8% sur les ventes brutes d’or. La mesure s’applique rétrospectivement à janvier 2025.
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