"Le sens de cette mobilisation, c'est évidemment attirer l'attention du chef de l'État", a déclaré le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, présent dès l'aube sur la place d'Armes, devant le château des rois de France.
Le syndicat a voulu jouer avec les symboles historiques: "la révolte paysanne reprend à Versailles", pouvait-on lire sur une immense banderole déployée sur des tracteurs.
Dans le viseur du syndicat agricole, le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur, dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification auprès des 27 pays membres de l’Union européenne.
La France, très opposée au texte au départ, semble désormais se satisfaire des clauses-miroirs, des clauses qui, en cas d’impact sur un secteur agricole donné, peuvent entraîner la révision des conditions d’importations des produits sud-américains.
"On a sur le plan international de nombreuses questions qui se posent quand des produits viennent envahir nos marchés et ne respectent pas nos normes de production", a poursuivi M. Rousseau. "Le chef de l'État doit réagir. Le Premier ministre doit nous recevoir urgemment".
Ce nouvel accord de libre-échange réveille les craintes d’une profession en crise, le nombre d’agriculteurs ne fait que baisser en France et sur les 400 000 exploitants encore en activité, la moitié vont partir à la retraite dans les années qui viennent.
A 56 ans, dont quarante passées à travailler dans une exploitation agricole, le secrétaire général de la FDSEA de Seine-et-Marne (région parisienne), Pascal Verriele, a le sentiment "de toucher le fond".
"Je n'ai plus de visibilité, plus de marge de manœuvre", déplore cet agriculteur en grande culture. "Il y a le Mercosur, les quotas d'importation sans droits de douane accordés à l’Ukraine. Tout cela déstabilise nos exploitations." Et d'appeler à un "sursaut" sur le projet d'accord du Mercosur.

Ailleurs en France, d'autres actions sont prévues tout au long de la journée.
A Torvilliers (nord), une mobilisation se déroulait dans le calme vendredi matin. Dans le sud-est, dès 04H30 GMT, des banderoles ont été déployées sur les murs et la grille de la sous-préfecture de Lodève. Des agriculteurs se sont également rassemblés près de Béziers, accompagnés de tracteurs, poids lourds et bennes.
"On continue à rester motivés, on reviendra s'il y a besoin cet hiver, à un moment où dans nos champs, ce sera plus facile", a mis en garde Arnaud Rousseau.
70 actions sont organisées dans 65 départements.