FRANCE
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Macron a reçu Sarkozy avant son incarcération
Le président français Emmanuel Macron a jugé cette entrevue "normale", "sur le plan humain".
Macron a reçu Sarkozy avant son incarcération
Manifestation de soutien mardi 21 octobre avant l'incarcération de l'ex-président / Reuters
il y a 18 heures

Jamais, dans l'histoire de la République française ni de l'Union européenne, un ancien chef de l'État n'avait été placé derrière les barreaux.

Nicolas Sarkozy, 70 ans, doit être écroué à la prison parisienne de la Santé, près d'un mois après sa condamnation pour "association de malfaiteurs" à cinq ans d’emprisonnement. Ses avocats devraient déposer une demande de mise en liberté dès son incarcération.

"J'ai eu des propos publics toujours très clairs sur l'indépendance de l'autorité judiciaire dans le rôle qui est le mien", a affirmé Emmanuel Macron. "Mais il était normal que sur le plan humain, je reçoive un de mes prédécesseurs, dans ce contexte" vendredi à l'Elysée, a ajouté le président français, en marge d'un sommet des pays méditerranéens de l'Union européenne en Slovénie.

Nicolas Sarkozy, ancienne figure tutélaire de la droite française, avait déclaré fin septembre qu'il n'espérait "en aucun cas" être gracié après sa condamnation. La grâce présidentielle ne s'applique qu'à une condamnation définitive et exécutoire, et n'est donc pas envisageable pour l'instant, Nicolas Sarkozy ayant fait appel du jugement.

Financement illégal 

De son côté, le ministre français de la Justice Gérald Darmanin, proche de l'ancien chef de l'État, a assuré qu'il irait le "voir en prison", s'inquiétant des "conditions de sécurité" lors de sa détention. Relevant que le ministre de la Justice peut "aller voir n'importe quelle prison et n'importe quel détenu quand il le souhaite", M. Darmanin a souligné sa responsabilité d'assurer une organisation adaptée à cette détention hors norme et la protection de l’ex-président (2007-2012). 

Selon des agents pénitentiaires connaissant bien la Santé, la seule prison située à Paris, l'ancien président sera vraisemblablement installé dans l’une des quinze cellules de 9 m² du quartier d'isolement. Ce choix limiterait les interactions avec les autres détenus pour assurer sa sécurité et éviter toute photographie prise avec l'un de ces portables qui circulent sans autorisation en détention, expliquent ces sources.

Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d'avoir laissé ses deux plus proches collaborateurs au ministère de l'Intérieur engager des pourparlers à Tripoli en vue d'un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse par la Libye de Mouammar Kadhafi. 

En cause, des réunions tenues fin 2005 par Claude Guéant et Brice Hortefeux avec Abdallah Senoussi, beau-frère du dictateur libyen, sous le coup d'une condamnation à la perpétuité en France pour l'attentat du DC-10 d'UTA en 1989, qui avait fait 170 morts.

Nicolas Sarkozy nie tout projet de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007 et s'est comparé aux condamnés innocents les plus célèbres de l'histoire et de la littérature française, Alfred Dreyfus et Edmond Dantès, héros du Comte de Monte-Cristo. Sur le réseau social X, son fils, Louis, a appelé chacun à "venir exprimer son soutien à Nicolas Sarkozy" près du domicile de l'ancien chef de l'État mardi matin. 

Le 25 septembre, les juges avaient stupéfié la salle d'audience en assortissant d'un mandat de dépôt sa condamnation, sans attendre le procès en appel qui devrait se tenir avant l'été. Ils avaient invoqué l'"exceptionnelle gravité des faits", n'octroyant à l'ex-chef de l'État qu'un délai avant son incarcération pour lui laisser le temps de s'organiser. 

Si le tribunal a reconnu qu'il n'avait pas été établi que des fonds étaient "in fine" arrivés dans les caisses de campagne, l'enquête a mis au jour des mouvements financiers depuis la Libye "dans le but de |la] financer", selon le jugement.

Suites judiciaires

La cour d'appel dispose de deux mois pour examiner la demande de mise en liberté de Nicolas Sarkozy, mais l'audience devrait intervenir plus rapidement. 

Le trouble à l'ordre public causé par l'"exceptionnelle gravité des faits" est un critère prévu pour un mandat de dépôt accompagnant une condamnation. Mais ce critère ne s’applique pas lors de l’examen d’une demande de mise en liberté après appel, le prévenu retrouvant la présomption d’innocence le temps de la procédure. 

SOURCE:TRT français et agences