Cisjordanie occupée: Rubio met en garde contre les violences de colons israéliens
Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a exprimé son inquiétude face à la récente vague de violences perpétrées par des colons israéliens en Cisjordanie occupée, estimant qu’elle pourrait compromettre les efforts de paix soutenus à Gaza.
Marco Rubio a souligné mercredi qu’”il y a une certaine inquiétude” concernant les violences commises par des colons en Cisjordanie occupée, qui pourraient compromettre les efforts visant à maintenir le cessez-le-feu à Gaza.
“Nous ferons tout notre possible pour que cela n’arrive pas”, a-t-il répondu aux journalistes après une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 au Canada.
Il a salué les condamnations du président israélien Isaac Herzog et des commandants de haut rang de l’armée israélienne à l’encontre de la violence des colons, un jour après qu’une cinquantaine d’Israéliens ont mené une attaque de grande ampleur contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée, ciblant des usines et des terres agricoles entre Naplouse et Tulkarem.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le reste de sa coalition sont restés silencieux face à ce phénomène, alors que les critiques accusent le gouvernement de soutenir tacitement des attaques désormais quasi-quotidiennes.
Bien qu’il ait évité une condamnation explicite, les propos de Rubio marquent un rare commentaire de l’administration du président Donald Trump sur la question des violences de colons.
Dès son premier jour au pouvoir, Trump avait signé un décret mettant fin au régime de sanctions instauré un an plus tôt par le président Joe Biden à l’encontre d’individus et d’entités issues de la mouvance des colons extrémistes.
Depuis, les attaques se poursuivent sans relâche, notamment par des raids répétés contre plusieurs villages chrétiens. L’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, pasteur ordonné, s’était rendu dans l’un de ces villages en juillet et avait appelé à traduire les auteurs en justice — mais aucune inculpation n’a été prononcée à ce jour.
Les poursuites pour ces crimes restent extrêmement rares en Israël. Le commandant de la division de la police en Cisjordanie occupée fait actuellement l’objet d’une enquête pour avoir fermé les yeux sur les violences des colons, afin de se concilier les faveurs du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, figure d’extrême droite qui supervise la police.
Malgré cela, il a été autorisé à reprendre ses fonctions pendant la poursuite de l’enquête.
Seuls quatre suspects ont été arrêtés pour l’attaque de mardi, dont trois libérés dès le lendemain.
L’armée israélienne et la police se rejettent la responsabilité de l’incapacité d’Israël à enrayer le phénomène, tandis que certains responsables sécuritaires, cités anonymement, en imputent la faute au gouvernement — dont plusieurs membres d’extrême droite sont liés aux auteurs des attaques.
L’administration Trump, elle, a cherché à limiter l’attention internationale sur la question.
Un communiqué du G7 publié mercredi s’est contenté d’affirmer que les ministres des États membres continueraient à “maintenir leur attention sur la situation en Cisjordanie”.
Au moment même où Rubio terminait ses propos, de nouvelles attaques de colons étaient signalées, cette fois dans le village de Sinjil, au nord de Ramallah, où les assaillants ont ouvert le feu sur la garde civile du village.
Un jeune homme a été blessé au pied par des tirs à balles réelles, mais ses blessures ont été qualifiées de légères, selon l’agence officielle palestinienne Wafa et Al Jazeera.
“Ce crime s’inscrit dans une série d’attaques en hausse perpétrées par des colons soutenus par l’armée d’occupation”, a déclaré la municipalité de Sinjil dans un communiqué.
Les attaques augmentent, les enquêtes policières s’effondrent
Le nombre d’enquêtes policières sur les violences nationalistes juives en Cisjordanie occupée a chuté brutalement ces trois dernières années, alors que les attaques de colons contre les Palestiniens ont atteint des niveaux sans précédent, selon un rapport de Channel 12.
Sous la direction de Ben Gvir, le nombre d’enquêtes ouvertes a diminué de 73 % depuis 2023. La police n’a ouvert que 60 enquêtes sur la violence des colons cette année, contre 150 en 2024 et 235 en 2023, alors même que les attaques augmentaient sur la même période.
Le rapport précise que seulement 10 % des enquêtes ont conduit à des inculpations en 2023, un chiffre encore plus bas l’année suivante. La majorité des procédures ont été classées sans suite ou abandonnées.
Ben Gvir, qui vit lui-même dans une colonie de Cisjordanie, a longtemps exercé comme avocat défendant des Israéliens d’extrême droite accusés de violences terroristes, après avoir lui-même été condamné plusieurs fois pour incitation et soutien au terrorisme.
Cette chute du nombre d’enquêtes s’accompagne d’une hausse spectaculaire de la violence des colons, avec plus de 704 incidents de “crimes nationalistes” enregistrés par l’armée israélienne depuis le début de l’année. En 2024, l’armée en avait comptabilisé 675.
Des colons israéliens armés — souvent appuyés ou accompagnés par des soldats — ont mené des attaques contre des communautés palestiniennes, incluant des fusillades, des incendies volontaires, des démolitions de maisons, ainsi que la destruction de récoltes et de biens.
Les agences de l’ONU et les principales organisations de défense des droits humains ont documenté une forte augmentation des incidents, soulignant que les colons ont forcé au déplacement entier des villages palestiniens.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a signalé que des dizaines de communautés ont été vidées ou partiellement abandonnées à la suite d’attaques répétées et d’actes d’intimidation.