Présidentielle 2022 : des Français hésitants aux urnes pour le premier tour
Les doutes et l'indécision des électeurs, et le taux de participation, de 25,48% à la mi-journée, en retrait de trois points par rapport à 2017, pèsent sur l'issue du scrutin.
En ce dimanche ensoleillé, quelque 48,7 millions d'électeurs doivent choisir entre douze candidats (AP)

Des Français souvent hésitants jusqu'au dernier moment votent dimanche pour le premier tour d'une présidentielle à l'issue incertaine, même si la réédition du duel entre le sortant Emmanuel Macron et la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen est le scénario privilégié.

Les doutes et l'indécision des électeurs, et le taux de participation, de 25,48% à la mi-journée, en retrait de trois points par rapport à 2017, pèsent sur l'issue du scrutin.

Ainsi, dans un bureau de vote de Marseille (sud), une électrice de 55 ans, Françoise Reynaud, explique s'être décidée au dernier moment : "Sur les 12, j'en avais sélectionné quatre hier soir, et je me suis décidée ce matin".

En ce dimanche ensoleillé, quelque 48,7 millions d'électeurs doivent choisir entre douze candidats, à l'issue d'une campagne étrange, marquée d'abord par la pandémie de coronavirus puis l'invasion russe en Ukraine qui a occulté une partie du débat.

Les premières estimations seront connues à 20H00 (18H00 GMT) après la fermeture des derniers bureaux.

Les sondages prédisent depuis des semaines que M. Macron devrait arriver en tête, devant Mme Le Pen, comme lors du précédent scrutin en 2017, avec le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon en troisième position.

Mme Le Pen et M. Mélenchon ont des positions très différentes de celles de M. Macron sur plusieurs sujets internationaux, étant beaucoup plus hostiles à l'intégration européenne et disant vouloir sortir du commandement intégré de l'Otan par exemple.

Nombre de politologues craignent que le record d'abstention de 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour d'une présidentielle, soit battu.

A Pantin, en région parisienne, Blandine Lehout, comédienne de 32 ans, explique qu'elle n'ira pas voter : "c'est la première fois de ma vie, mais là je les déteste tous. On est à un stade où ils me font peur", explique-t-elle.

Pouvoir d'achat

D'autres insistent au contraire sur l'impérieuse nécessité de voter.

Comme Pascale Sylvestre-Baron, à Toulouse (sud-ouest) : "On a toujours voté, et on force nos enfants à voter, sinon on les déshérite !", lance la sexagénaire en riant, avant de se dire "très inquiète du taux d'abstention".

Ou comme Ali Msaidie, d'origine comorienne, à Marseille : "Je me suis battu tellement d'années pour être naturalisé, avoir la nationalité française.

C'est la première fois que je peux voter pour une présidentielle, c'est tellement important pour moi de pouvoir faire partie de ceux qui choisissent !", lance-t-il.

Les différentes études montrent que Mme Le Pen et M. Mélenchon sont depuis plusieurs jours dans une dynamique de progression, réduisant substantiellement l'écart avec le président sortant, entré tardivement en campagne.

Derrière ce trio, les autres candidats paraissent décrochés, notamment celle de la droite traditionnelle Valérie Pécresse et l'autre prétendant d'extrême droite Eric Zemmour.

Pour le deuxième tour, les sondages donnent M. Macron vainqueur, mais avec une très courte avance sur Mme Le Pen dont la victoire n'est toutefois pas exclue, ce qui constituerait une double première en France, avec l'arrivée d'une femme et de l'extrême droite au pouvoir.

Ce premier tour clôturera plusieurs mois d'une campagne dont les grands enjeux, en particulier le dérèglement climatique, ont été absents. Le pouvoir d'achat s'est inscrit comme la principale préoccupation des électeurs, d'autant que la guerre en Ukraine a provoqué une inflation notable.

Mme Le Pen a axé sa campagne sur ce thème, de même que M. Mélenchon dont la formation appelle au vote "utile" en sa faveur, plutôt qu'au profit des nombreux autres candidats de gauche, comme l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo ou le communiste Fabien Roussel.

Plus de "front républicain" ?

Face à la possibilité d'une victoire de l'extrême droite, certains candidats ont déjà annoncé la position qu'ils adopteront dimanche soir, comme Fabien Roussel qui fera barrage à Mme Le Pen. Valérie Pécresse ne donnera pas de consigne mais dira pour qui elle votera.

Dans l'entourage de M. Macron, on admet que le réflexe du "front républicain", dont il avait bénéficié lors de son élection en 2017, n'est plus une évidence.

Donnée finie après son échec il y a cinq ans, inquiétée par l'irruption du polémiste Eric Zemmour, Mme Le Pen a remonté la pente, lissé son image et son discours, et effectué une longue campagne de terrain.

M. Macron a pour sa part joué sur son image de commandant en chef accaparé par les crises sanitaire et internationale. Une posture qui l'a d'abord servi, mais qui a ensuite pu le faire apparaître déconnecté des préoccupations quotidiennes des Français.

Son image a aussi été affectée par son refus de se livrer à des débats télévisés face à ses adversaires.

Il a donné un coup d'accélérateur en fin de semaine, avec plusieurs interviews et déplacements, et appelé à la "mobilisation" contre une extrême droite "banalisée".

Agences