Philippines: Kamala Harris sur une île proche des eaux revendiquées par la Chine
La vice-présidente américaine Kamala Harris est arrivée mardi sur une île des Philippines qui baigne dans des eaux revendiquées par la Chine, pour montrer son soutien à l'allié des Etats-Unis et contrer l'influence chinoise dans la région.
Philippines: Kamala Harris sur une île proche des eaux revendiquées par la Chine (Others)

Mme Harris est la plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île occidentale de Palawan, la plus proche de l'archipel des Spratleys, situé en mer de Chine méridionale, où se joue un conflit entre Pékin et ses voisins.

La Chine revendique la souveraineté de la quasi-totalité de cette mer et ignore la décision d'une cour d'arbitrage internationale selon laquelle ses revendications n'ont aucune base juridique.

Les Philippines mais aussi le Vietnam, la Malaisie et Brunei revendiquent certaines parties disputées de la mer de Chine méridionale, suscitant une vive contestation.

La vice-présidente américaine rencontrera des pêcheurs et des garde-côtes philippins. Elle soulignera, dans une allocution, "l'importance du droit international, du commerce licite sans entrave et de la liberté de navigation", a rapporté un responsable américain aux journalistes avant la visite.

Ce voyage intervient au lendemain de discussions bilatérales entre Mme Harris et le président philippin Ferdinand Marcos Jr à Manille. Kamala Harris a alors réaffirmé l'engagement "indéfectible" des Etats-Unis envers les Philippines.

"Nous sommes à vos côtés pour défendre les règles et les normes internationales relatives à la mer de Chine méridionale", a déclaré Mme Harris à M. Marcos au début de leurs entretiens dans le palais présidentiel de Manille.

"Une attaque contre les forces armées, les navires publics ou les avions philippins en mer de Chine méridionale déclencherait l'engagement en matière de défense mutuelle", a-t-elle ajouté. "C'est notre engagement indéfectible envers les Philippines."

Les relations entre les Philippines et les Etats-Unis ont été tendues pendant des années sous l'ancien président Rodrigo Duterte, proche de Pékin.

Washington cherche à renforcer son alliance de sécurité avec Manille sous la nouvelle présidence, dans un contexte de tensions régionales croissantes.

Cette alliance comprend un traité de défense et un pacte de 2014, connu sous l'acronyme EDCA, qui permet à l'armée américaine de stocker des équipements et des fournitures de défense sur plusieurs bases philippines. En vertu de ce pacte, les troupes américaines peuvent accéder à cinq bases militaires de l'archipel.

Si le pacte était resté au point mort sous la présidence de M. Duterte, les Etats-Unis et les Philippines ont depuis fait le voeu d'accélérer son application face à la Chine.

Cette visite "renforce le sens d'engagement" envers les revendications maritimes de Manille, estime Jay Batongbacal, directeur de l'Institut des affaires maritimes et du droit de la mer de l'Université des Philippines.

Mais elle souligne aussi la nécessité de mettre en œuvre l'EDCA. "Les Etats-Unis ne peuvent pas s'acquitter convenablement de leurs obligations s'ils sont contraints de rester à plusieurs milliers de kilomètres de là, au Japon ou à Guam", ajoute l'analyste.

De tous les prétendants à la mer de Chine méridionale, Pékin a adopté la position la plus agressive ces dernières années.

Mardi, le journal d'Etat chinois Global Times accuse Mme Harris d'"attiser le feu sur la question de la mer de Chine méridionale". "Les Philippines ont le droit de recevoir tout visiteur étranger", écrit le journal, mais "les échanges bilatéraux ne doivent pas se faire au détriment des intérêts d'un pays tiers, ainsi que de la paix et de la stabilité régionales", selon un éditorial.

A la veille de la visite de Mme Harris à Palawan, un haut responsable de la marine philippine a accusé les garde-côtes chinois de s'emparer "par la force" de pièces d'une fusée qui a atterri dans les Spratleys. Pékin, qui a construit des îles artificielles militarisées dans l'archipel, a insisté que la saisie avait eu lieu après une "consultation amicale".

AFP