Le second tour en Turquie: "un signe de la vitalité de la démocratie turque"
Les experts affirment que les sondages d'opinion et les informations anti-Erdogan ne reflètent pas la réalité, soulignant d’une façon plus large, la crise de crédibilité des médias occidentaux qui se trompent perpétuellement sur la Turquie
Le second tour en Turquie: "un signe de la vitalité de la démocratie turque" / Photo: AA (AA)

Le pays s’apprête donc à organiser un second tour le 28 mai, puisque le président Recep Tayyip Erdogan a obtenu 49,5 % des voix - juste en dessous du seuil de 50,1 % requis pour déclarer la victoire - tandis que son principal rival Kemal Kilicdaroglu n'a remporté que 44,89 % des voix lors du scrutin de dimanche.

Pour les analystes politiques, l'organisation d'un second tour de scrutin témoigne de l'engagement du pays en faveur de la démocratie.

"La participation de la grande majorité des Turcs aux élections a prouvé que la démocratie est une tradition profondément enracinée en Turquie", explique à TRT World le Dr Ozden Zeynep Oktav, professeur au département des relations internationales de l'université Medeniyet d'Istanbul.

Au total, plus de 30 partis politiques et 150 candidats indépendants se sont présentés dimanche pour les 600 sièges du parlement.

Omer Celik, porte-parole du Parti AK, a décrit ce que la tenue d'élections signifiait pour la Turquie, notant que "la plus grande richesse de ce pays est que les citoyens décident qui gouvernera et dirigera ce pays".

Au total, 64,1 millions de personnes étaient inscrites sur les listes électorales, dont environ 5 millions qui votaient pour la première fois, et environ 1,7 million de membres de la diaspora inscrits pour voter depuis l'étranger.

Dans le pays même, près de 192 000 urnes ont été mises en place à travers la Turquie.

Selon l'ambassadeur américain (à la retraite) Matthew Bryza, le taux élevé de participation aux élections en Turquie (89 %) "est un développement vraiment important pour la démocratie dans le pays et des chiffres comme ceux-là rendent jaloux des pays comme les États-Unis où un taux élevé de participation aux élections serait de l'ordre de 65 %".

Cette forte participation des électeurs "montre à quel point la démocratie est importante pour les citoyens turcs", soutient encore M. Bryza, également ancien fonctionnaire de la Maison Blanche et du Département d'État..

M. Bryza souligne à quel point les pronostics de certains sondages d'opinion qui donnaient M. Kilicdaroglu gagnant peuvent être "notoirement inexacts", établissant une comparaison avec l'élection présidentielle américaine de 2020, qui a été "terriblement inexacte".

"Je ne suis donc pas du tout surpris que les sondages [d'opinion] se soient révélés inexacts dans ce scrutin turc en plaçant Kemal Kilicdaroglu devant le président Erdogan. Je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit de sinistre là-dedans - je pense qu'il s'agit simplement d'un fait courant que les sondages d'opinion dans de nombreux pays, y compris les États-Unis, ont été inexacts ces dernières années", indique M. Bryza.

Cependant, Oktav affirme que "les résultats ont prouvé que les sondages extérieurs et les informations anti-Erdogan relayées par les médias étrangers ne reflétaient pas la réalité."

Dans ce qui sera le premier second tour du nouveau système électoral turc, les deux principaux candidats à la présidence, le président Erdogan et Kilicdaroglu, sont optimistes, chacun estimant qu'il en sera le gagnant.

Bryza décrit cela comme "un signe de la vitalité de la démocratie turque, que les deux candidats, Kilicdaroglu et Erdogan, pensent qu'ils peuvent gagner au second tour de l'élection présidentielle. Si on compare aux Etats-Unis, je pense également que c’est un fait positif que le président en exercice, Recep Tayyip Erdogan, ait déclaré à maintes reprises qu'il respecterait le résultat de l'élection et qu'il ait accueilli favorablement le second tour".

De l'autre côté de l'Atlantique, M. Bryza souligne que le président Donald Trump "refuse depuis la semaine dernière de dire qu'il acceptera les résultats, quels qu'ils soient, de l'élection présidentielle de 2024. Interrogé par la journaliste de CNN Kaitlan Collins lors d’un événement organisé par CNN la semaine dernière, il a précisé qu'il accepterait les résultats, si l'élection est juste."

“L'exemple donné par le président Erdogan contraste fortement avec l'exemple honteux de Donald Trump", regrette M. Bryza.

Les élections présidentielles en Turquie revêtent une importance particulière vu qu’elles coïncident avec le 100ème anniversaire de la fondation du pays.

"Beaucoup pensaient que le parti AK perdrait les élections car il est au pouvoir depuis 20 ans et a fait l'objet de vives critiques en raison de l'inflation et des problèmes économiques", explique cet ancien fonctionnaire américain. Toutefois, note-t-il, “c'est exactement l'inverse qui s'est produit et le parti AK a obtenu la majorité au parlement. "

TRT Français et agences