Jets privés et COP27: affirmations contradictoires
De nombreux messages sur les réseaux sociaux ont dénoncé l'utilisation des jets privés par des participants à la COP27 en Egypte, s'ajoutant aux critiques récurrentes ciblant le sommet des Nations unies sur le climat.
Jets privés et COP27: affirmations contradictoires / Photo: Reuters (Reuters)

Diverses estimations ont été avancées concernant le nombre de jets acheminant les délégués à ce rendez-vous dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, au bord de la mer Rouge.

Les critiques sur l'"hypocrisie et l'élitisme" supposés revenaient le plus souvent dans ces messages, selon un rapport publié jeudi par l'ONG Climate Action Against Disinformation, qui analyse les tendances en matière de fausses informations sur les réseaux sociaux.

400 jets privés

Des sources égyptiennes ont corroboré les affirmations largement répandues selon lesquelles environ 400 jets privés ont atterri en Egypte pour la COP27 qui a débuté le 6 novembre et s'achèvera le 18. Certains médias ont cité des estimations plus basses, s'appuyant sur des applications de suivi de vols, mais il est possible que certains vols privés n'aient pas été pris en compte.

Un message erroné en espagnol chiffrait le nombre de jets privés jusqu'à 1.500. Il était accompagné d'une vieille photo d'avions prise lors d'un forum sur l'aviation à Las Vegas (sud-ouest des Etats-Unis).

"Plus de 400 jets privés ont atterri ces derniers jours en Egypte", a déclaré jeudi à l'AFP une source proche des autorités aériennes égyptiennes, qui a requis l'anonymat.

"Une réunion a eu lieu avant la COP27, des responsables s'attendaient à ces jets et ont pris des dispositions à l'aéroport de Charm el-Cheikh pour accueillir les avions", a ajouté cette source.

Le 6 novembre, Ahmed Moussa, un animateur de talk-show proche des dirigeants égyptiens, s'est vanté à l'antenne en indiquant que "l'aéroport de Charm el-Cheikh avait accueilli plus de 300 jets privés".

Comparaison avec la COP26

Les critiques à l'encontre des jets privés s'étaient déjà multipliées lors de la COP26 en novembre 2021 à Glasgow, en Ecosse. Les estimations citées par des médias sur le nombre de jets utilisés lors de cet événement allaient de moins de 200 à environ 400.

L'AFP a vérifié les faits en publiant dans différentes langues des messages datant de cette période et montrant une photo d'avions stationnés sur une piste, affirmant qu'ils avaient été utilisés par des dirigeants lors de la COP26. Des recherches d'images inversées ont révélé que la photo avait en fait été prise des années auparavant et montrait des avions dans un aéroport de la Nouvelle-Orléans (sud des Etats-Unis).

Cependant, les colporteurs de fausses informations n'ont pas été les seuls à critiquer les délégués de la COP27.

Le 5 novembre, des centaines de militants pour le climat ont bloqué le départ de jets privés sur le tarmac de l'aéroport Schiphol à Amsterdam, réclamant une diminution du trafic aérien et une limitation des vols en jets privés, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Emissions des jets privés

Les passagers de jets privés produisent beaucoup plus d'émissions de CO2 par personne que ceux des vols commerciaux.

Selon l'ONG européenne Transport et Environnement militant pour des transports propres, un jet privé peut émettre deux tonnes de dioxyde de carbone en une heure et est cinq à 14 fois plus polluant par passager qu'un avion de ligne.

Plus de 33.000 participants sont inscrits à la COP27, où ont lieu des discussions de haut niveau sur l'augmentation des financements destinés aux pays en développement pour qu'ils rendent leurs économies plus vertes et se préparent aux conséquences du réchauffement climatique.

Des scientifiques affirment que le changement climatique causé par l'homme qui brûle des combustibles fossiles aggrave les catastrophes naturelles, notamment les inondations, les vagues de chaleur et les sécheresses, qui risquent de s'intensifier dans les décennies à venir si les émissions de CO2 ne sont pas réduites.

"L'humanité a un choix: coopérer ou périr", a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le 7 novembre devant près de 100 chefs d'Etat réunis à la COP27.

AFP