Gaza: Pourparlers de trêve à Doha, les craintes entourant une offensive sur Rafah s’intensifient
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, se rend cette semaine en Arabie saoudite et en Égypte.
La situation dans la bande de Gaza se veut catastrophique, selon les agences de l'onu Photo: AFP / Photo: AA (AA)

Les pourparlers en vue d'une trêve à Gaza assortie de la libération des prisonniers palestiniens et d'otages israéliens se poursuivent à Doha, sur fond de crainte d'une famine dans l’enclave assiégée et d'une opération armée à Rafah, où s'entassent 1,5 million de personnes.

Selon le site américain Axios, des discussions "positives" ont bien eu lieu et les négociateurs israéliens vont rester à Doha pour continuer les pourparlers "détaillés" avec les médiateurs qataris et égyptiens.

En parallèle aux négociations en cours, le porte-parole du département d'État américain a annoncé, ce mardi, une nouvelle visite d’Antony Blinken au Moyen-Orient, en Arabie saoudite puis en Égypte, dans le cadre des efforts en vue de parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et d’y augmenter l'aide humanitaire.

A Jeddah, mercredi, M. Blinken aura des entretiens avec les dirigeants saoudiens avant de se rendre au Caire jeudi pour des discussions avec les plus hautes autorités égyptiennes, selon le porte-parole Matthew Miller.

Il s'agira de son sixième déplacement au Moyen-Orient depuis le début de la guerre israélienne sur Gaza.

Le chef de la diplomatie américaine discutera "des efforts déployés pour parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat garantissant la libération de tous les otages restants, de l'intensification des efforts internationaux visant à accroître l'aide humanitaire à Gaza et de la coordination de l'après-conflit à Gaza", a affirmé M. Miller dans un communiqué.

Le spectre de la famine

Ce bal diplomatique se déroule alors que les mises en garde se multiplient contre une catastrophe humanitaire majeure provoquée par la guerre et la famine dans le nord de la bande de Gaza.

Israël a imposé un siège total à l’enclave depuis le début de la guerre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire. Cette aide arrive principalement depuis l'Égypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses de la population. Elle parvient très difficilement dans le nord, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes, selon l'ONU.

Samedi, sont arrivés dans le territoire les premiers camions d’aide depuis quatre mois.

Le patron de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus a prévenu lundi qu’un habitant sur deux à Gaza, soit plus d'1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord, évoquant une "famine imminente".

Gaza est devenue un "cimetière à ciel ouvert", a soutenu le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, ajoutant que "la famine (était) utilisée comme arme de guerre".

"La communauté internationale devrait avoir honte de ne pas réussir à stopper" la famine imminente, s'est indigné sur X le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths.

Dans le dernier rapport IPC publié en décembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) considéraient la famine comme "probable" d'ici la fin mai dans le nord de la bande de Gaza.

Le nord de Gaza a aussi été témoin, lundi, de violents combats accompagnés de bombardements, autour et dans l'enceinte de l'hôpital Al Shifa.

Le cauchemar de Rafah

Dans un premier entretien téléphonique en un peu plus d'un mois avec le président américain Joe Biden, M. Netanyahu a réaffirmé lundi qu'il était déterminé à "atteindre tous les objectifs de la guerre" à Gaza incluant "l'élimination du Hamas".

Israël se prépare également à une opération terrestre à Rafah, faisant fi de toutes les pressions internationales. Tôt mardi, le ministère de la Santé à Gaza a fait état de 78 morts dans la soirée et la nuit à Gaza, incluant 15 personnes dans une résidence à Rafah.

Une offensive terrestre majeure sur place serait "une erreur", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale américain, Jake Sullivan, assurant qu'Israël ne lancerait pas d'opération avant la tenue, "dans les jours qui viennent", de discussions sur le sujet.

Le président Biden a demandé l'envoi à Washington d'une délégation israélienne pour discuter "des façons de cibler le Hamas sans mener une vaste offensive terrestre à Rafah", a-t-il écrit sur X, en disant souhaiter une pause de "plusieurs semaines dans les combats" dans le cadre d'un accord permettant de libérer les otages et d'accroître "l'aide" à Gaza.

Les États-Unis pressent dans le même temps leur allié israélien d'éviter un assaut généralisé dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, qui risquerait, selon la Maison Blanche, de faire encore plus de victimes civiles, "aggraverait la situation humanitaire déjà grave, renforcerait l'anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël" sur la scène internationale.

La guerre israélienne sur Gaza lancée depuis le 7 octobre a fait jusqu'ici plus de 31.700 morts, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé à Gaza.

TRT Français et agences