Feux de forêt: Macron promet plus de moyens de lutte contre les incendies
La France doit se doter "davantage" d'avions de lutte contre les incendies, a reconnu le président Emmanuel Macron en visite dans le sud-ouest du pays, où les feux ont ravagé plus de 20.000 hectares de forêt.
Les deux gigantesques incendies qui sévissent depuis le 12 juillet en Gironde ont brûlé près de 20.000 hectares de forêt (Reuters)

Les 22 avions dont est dotée la protection civile étaient "suffisants ces dernières années. (...) Est-ce qu'il faut en avoir davantage ? La réponse est oui", a jugé le président français, soulignant que cette flotte augmentée serait européenne et appelant à "redéployer une stratégie industrielle" pour construire ces appareils.

La veille de sa venue, les présidents des départements de Gironde et des Landes, Jean-Luc Gleyze et Xavier Fortinon, avaient transmis une lettre ouverte au président demandant une "flotte plus conséquente, et une répartition territoriale adaptée".

"Une flotte suffisante mais vieillissante"

Selon la direction générale de la Sécurité civile et de la gestion de crises, la France dispose de 19 avions bombardiers d’eau, 12 Canadair et 7 Dash ainsi que de deux hélicoptères bombardiers d’eau. Près de la moitié de cette flotte est engagée en Gironde, soit 6 Canadair et 3 Dash ainsi qu’environ 2.000 sapeurs-pompiers. Dans le cadre du mécanisme de solidarité européen de protection civile, la France a aussi bénéficié de la mise à disposition de deux Canadair grecs et deux autres italiens.

Même si le rapport d’information du Sénat sur la lutte contre les feux de forêt de 2019 soutient que cette flotte est "adaptée aux opérations de lutte encadrées par la doctrine française", elle ajoute néanmoins qu’elle est "vieillissante".

Lors du projet de loi de finances pour 2021, le vieillissement de la flotte française était un "sérieux motif de préoccupation". "Nos Canadairs sont âgés et ont plus de 30 ans d'amortissement. Mais à l'intérieur du Canadair, les pièces répondent aux normes de la direction générale de l'avion civile et la plupart d'entre elles sont récentes", affirme Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile.

"La flotte française fait partie des mieux dotées en Europe mais elle a forcément des capacités limitées, et l’UE est une solution pour y remédier" a-t-il précisé.

Au-delà des moyens techniques, les pompiers appellent à un renforcement général des moyens humains. Christophe Govillot, porte-parole du Syndicat national du personnel navigant de l'aéronautique civile (Snpnac), défend que le personnel est insuffisant à cause du manque d’attractivité du métier. Pour Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, "l’objectif est de 250.000 pompiers volontaires à la fin du quinquennat, contre 198.000 aujourd’hui".

Aucune base aérienne dans le Sud-Ouest

Le commandant Jouassard de la Sécurité Civile précise que l’ensemble des moyens aériens est basé à Nîmes avec un renfort en période estivale à Ajaccio et qu’il n’y a pas de base aérienne dans le Sud-Ouest.

Pour Olivier Richefou, président de la Conférence nationale des services d'incendie et de secours (CNSIS) et du conseil départemental de la Mayenne, "sans doute que le Sud-Ouest de la France n'a pas suffisamment été intégré, puisque depuis de nombreuses années les feux sont plutôt concentrés dans le Sud-Est".

Le réchauffement climatique augmente les besoins

La France compte 16,9 millions d’hectares de forêts et un tiers de cette zone est concerné par la probabilité d’incendie. Avec le réchauffement climatique, les incendies démarrent plus tôt dans l'année, sont plus étendus et font plus de dégâts que d'habitude. Depuis le début de l'année, près de 33 000 hectares ont brûlé, soit plus que durant toute l'année 2021 (30 600 hectares).

La multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes est une conséquence directe du réchauffement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

Les deux gigantesques incendies qui sévissent depuis le 12 juillet en Gironde ont brûlé près de 20.000 hectares de forêt, 7.000 hectares ont été détruits à La Teste-de-Buch, près d'Arcachon sur l’océan Atlantique, et 13.600 dans le secteur de Landiras, plus au sud. 36.750 personnes, habitants ou vacanciers, ont dû être évacués.

TRT Français et agences