Burkina: assises nationales pour désigner un président de transition
Des assises nationales ont débuté vendredi au Burkina Faso pour nommer un président de transition, deux semaines après un putsch, le deuxième en huit mois, qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré.
Burkina: assises nationales pour désigner un président de transition (Others)

Ces assises rassemblent quelque 300 personnes, représentant l'armée et la police, les organisations coutumières et religieuses, la société civile, les syndicats, les partis et les déplacés internes victimes des attaques terroristes qui frappent le Burkina depuis 2015.

Des blindés et des véhicules militaires ont été déployés aux différents points d'accès au Centre de conférence de Ouagadougou où se tient la rencontre.

Le 24 janvier, des militaires emmenés par le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba et regroupés au sein d'une junte appelée Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), avaient renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'incapacité face aux attaques terroristes qui se sont multipliées au Burkina.

Elles n'ont pas cessé en huit mois et, face à la dégradation constante de la situation, un nouveau putsch a eu lieu le 30 septembre, qui a porté au pouvoir un jeune capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré, afin de "recentrer la transition sur les urgences sécuritaires", selon la junte.

Officiellement désigné président peu après sa prise de pouvoir, le capitaine Traoré a assuré qu'il ne ferait qu'expédier "les affaires courantes" jusqu'à la désignation d'un nouveau président de transition civil ou militaire par des "assises nationales".

Un projet de charte de la transition devant être adopté par les assises, prévoit que "le mandat du président de la transition prend fin avec l’investiture du président issu de l’élection présidentielle" prévue en juillet 2024.

"Le président de la transition n'est pas éligible aux élections présidentielle, législatives et municipales qui seront organisées pour mettre fin à la transition", précise ce projet.Dans plusieurs pays d'Afrique francophone, Moscou jouit d'un soutien populaire grandissant quand la France, ex-puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée, en particulier au Mali, pays voisin du Burkina également dirigé par des militaires putschistes depuis 2020.

L'ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade, a appelé ses compatriotes "à limiter" vendredi leurs déplacements "au strict nécessaire", "par crainte de nouveaux mouvements de protestation".

Des intérêts de la France au Burkina, dont l'ambassade et deux instituts français, ont été pris à partie par des manifestants pro-Traoré à l'occasion du dernier putsch.

Les attaques régulières de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Daesh ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes depuis 2015.

Plus de 40% du territoire échappe au contrôle de l'Etat, notamment du côté des frontières avec le Mali et le Niger.

Le capitaine Traoré a assuré que Ouagadougou continuerait à respecter les engagements pris sous M. Damiba vis-à-vis de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), en particulier sur l'organisation d'élections et un retour de civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024.

AFP