Remise au président de la République par Benjamin Stora du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie / Photo: AFP (AFP)

La Commission mixte d’historiens algériens et français a dévoilé, dans un communiqué, ses recommandations pour résoudre les différends historiques entre les deux nations. Établie en 2023 par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, cette instance qui a tenu une session plénière le 25 janvier aux Archives nationales à Paris, a élaboré des mesures visant à traiter les contentieux liés à la mémoire et à l’histoire de la colonisation française de l’Algérie.

En ce qui concerne les archives, la Commission préconise la restitution de 5 mètres linéaires d'archives de l’Algérie ottomane et la numérisation de 2 millions de documents des archives nationales d’outre-mer. Elle a également défini la période, la nature et la typologie de ces archives, en mettant l'accent sur la nécessité de prioriser la numérisation des archives militaires et diplomatiques du XIXe siècle. Certains documents découverts pourraient être sujets à des publications scientifiques.

La Commission s'est également penchée sur la restitution des biens de l’Émir Abdelkader, d'Ahmed Bey et d'autres personnalités algériennes, tels que l'épée, le burnous, le Coran et les canons de l’émir Abdelkader, ainsi que des biens associés à Ahmed Bey et Laghouat. Les musées français ont proposé un inventaire des items algériens. La réalisation d'expositions sur l’histoire de l’Algérie au XIXe siècle est également encouragée par la Commission.

En ce qui concerne la chronologie, la Commission recommande l'élaboration d'une chronologie détaillée des aspects militaires, politiques, économiques, sociaux et culturels de la période coloniale (1830-1962), en commençant par le XIXe siècle. Elle suggère également un recensement des ouvrages traitant de l'histoire coloniale en Algérie dans toutes les langues, en mettant l'accent sur la numérisation et la traduction des ouvrages pertinents.

La Commission propose également des mesures pour les échanges académiques, l'accès aux portails numériques, la numérisation des registres de l'état civil et des cimetières de la période coloniale en Algérie, ainsi que l'organisation de rencontres scientifiques conjointes. Elle demande aussi le recensement des cimetières des prisonniers algériens en France et la valorisation de ces lieux de mémoire par des plaques commémoratives.

En soulignant que le travail de la Commission se poursuivra avec une troisième réunion prévue dans deux mois en Algérie, le communiqué rappelle le profond contentieux historique entre l’Algérie et la France, couvrant la question des archives, la restitution des biens confisqués, les réparations pour les essais nucléaires français et la reconnaissance des crimes coloniaux par la France.

Agences