Foot: entre agression et menaces, la galère d'un joueur français en Grèce / Photo: AFP (AFP)

"Choqué", ce milieu de terrain de 26 ans a quitté la Grèce quelques jours seulement après son arrivée pour rentrer dans le sud de la France.

Le club grec mis en cause a lui rejeté ces accusations jugées pourtant "sérieuses" et "terrifiantes" par des médias grecs sportifs.

L'aventure grecque de ce footballeur avait pourtant bien débuté. Lorsqu'il reçoit une offre le 3 janvier, Antoine Lemarié est rapidement séduit. En fin de contrat dans le club finlandais du FC Vaajakoski, il se cherche un nouveau challenge.

Simo Fokom, qui se présente comme un "conseiller sportif", propose alors au footballeur français de signer au Paniliakos FC, club de troisième division grecque situé dans la région du Péloponnèse.

Sur l'offre signée par le président Konstantinos Ntavaris, que l'AFP a pu consulter, une prime à la signature de 2.000 euros, un salaire à 1.000 euros par mois, un hébergement et la nourriture lui sont promis. Le joueur, qui a déjà foulé les pelouses australiennes, anglaises et finlandaises, accepte et s'envole pour la Grèce le 11 janvier.

Sans contrat

Sans contrat ni document de travail, sans avoir été payé, Antoine Lemarié est pourtant titularisé pour son premier match après seulement deux entraînements sous les couleurs du Paniliakos FC.

"Deux coéquipiers brésiliens ont quitté le club à ce moment-là, d'autres joueurs me confient qu'ils ne sont pas payés", relate Antoine Lemarié.

Il trouve également "un logement dans un état déplorable avec des cafards morts dans les tiroirs, des poils et des traces d'urine dans la salle de bain", assure-t-il.

La situation et l'ambiance délétère le poussent vite à quitter le club.

Le 18 janvier, le président du club et le directeur sportif, accompagnés d'un troisième homme, se rendent à l'appartement d'Antoine Lemarié pour récupérer les clefs.

Dans un enregistrement audio que l'AFP a pu écouter, le président du Paniliakos FC profère des menaces à l'encontre d'Antoine Lemarié. "Je vais le pendre par les pieds", "je vais le frapper", lance le dirigeant.

Antoine Lemarié accuse le président du club d'avoir usé de la force pour récupérer les clefs de l'appartement mis à sa disposition.

Tabasser

"Il a jailli sur moi pour m'attraper par le col et m'a plaqué contre une barrière. J'ai eu peur de me faire tabasser", témoigne le joueur.

Antoine Lemarié est depuis rentré dans le sud de la France et envisage le dépôt d'une plainte. Le préjudice financier s'élève selon lui à plusieurs milliers d'euros: le joueur a payé lui-même ses billets d'avion (550 euros), n'a touché ni la prime à la signature (2000 euros), ni les cinq mois de salaire promis.

Joint par l'AFP, l'intermédiaire Simo Fokom rejette toute responsabilité.

"C'est la première fois qu'une telle situation se produit", se défend M. Fokom tout en accusant le Paniliakos FC d'avoir fait jouer le footballeur français avec la licence d'un autre joueur.

Contacté par téléphone, le président du Paniliakos FC n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP mais le club dément dans un communiqué le témoignage "faux et calomnieux" d'Antoine Lemarié.

Le Paniliakos FC annonce vouloir déposer plainte auprès de la Fifa et du syndicat des joueurs professionnels (Fifpro).

L'expérience vécue par Antoine Lemarié illustre les travers du football grec et les pratiques illicites qui s'y opèrent.

Avant lui, d'autres footballeurs français ont vécu des situations similaires dans le pays. En 2014, l'international français Olivier Kapo décrivait "des contrats truqués" et "des présidents qui ne te payent pas" après un passage par le club grec Levadiakos.

En 2021, c'est l'acteur Moussa Mansaly, ancien footballeur, qui décrivait une expérience "bourbier" sur l'île grecque de Rhodes, où le club ne respectait pas ses engagements contractuels.

AFP