Un soldat français de l'opération Barkhane au Mali en 2019 / Photo : Reuters (Others)

Dans un livre à paraître jeudi, le journaliste Rémi Carayol, co-animateur du site d’information Afrique XXI, affirme l’existence d’un lieu aménagé dans l’aile Ouest de l’aéroport, pour retenir les maliens suspectés de terrorisme, avant qu’ils ne soient remis aux autorités locales.

Si l’existence de ce lieu de privation de liberté a été révélée dès 2021 par Libération, rares sont les informations qui ont fuité à ce sujet.

Intitulé "Le Mirage sahélien. La France en guerre en Afrique : Serval, Barkhane et après ?", l’ouvrage revient sur les procédés utilisés notamment par les soldats français.

Selon Afrique XXI, il détaille "les coups d’État de Bamako à Ouagadougou, en passant par N’Djamena, le départ précipité des soldats français basés au Mali et le rejet quasi systématique de la présence française dans tous les pays où son armée a été déployée dans le cadre de cette lutte antiterroriste".

Dans un extrait dévoilé en exclusivité par le site d’information, le livre de Rémi Carayol relate des éléments relatifs aux pratiques de l’armée française.

"Au Mali, la force Barkhane a tué des innocents. Elle en a également incarcéré dans le plus grand secret : un nombre indéterminé de "suspects" ont été expédiés dans une prison clandestine située à l’intérieur de sa base principale à Gao. Le "château", comme on l’appelle…" peut-on lire dans le chapitre 8.

Il est par ailleurs précisé qu’officiellement "ce lieu de détention n’existe pas" mais que "les suspects arrêtés par les soldats français y sont pourtant gardés pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, dans le plus grand secret (peu de militaires y ont accès et le réseau téléphonique est brouillé à l’intérieur), et ils y sont interrogés, de jour comme de nuit, par des spécialistes du renseignement, avant d’être remis aux autorités maliennes".

Le journal affirme alors que les soldats français de Barkhane ont retenu de manière presque systématique, des suspects arrêtés, parfois pendant plusieurs semaines avant qu’ils ne soient remis aux autorités maliennes.

"La Division des droits de l’homme de la Minusma (DDHP) et les associations maliennes de défense des droits humains s’irritent de n’avoir pas accès à ce lieu de détention. Plusieurs sources onusiennes m’ont affirmé que les enquêteurs de la DDHP interpellent régulièrement les représentants de la force Barkhane sur ce sujet lors de réunions à huis clos. En vain", mentionne Rémi Carayol dans son livre.



AA