Equipe de France : beaucoup d'ombres et peu de lumières à 5 mois du Mondial (AP)

"La répétition des matches nous a coûté cher, en perdant des joueurs d'un match à l'autre. Ce soir certains sont en basket sur le banc", a relevé Didier Deschamps lundi après la défaite 1-0 contre la Croatie à Saint-Denis, terminus d'un stage à deux points gagnés sur douze possibles.

Le sélectionneur, privé de Paul Pogba en juin, a perdu sur blessure son autre pilier du milieu de terrain, N'Golo Kanté, titulaire contre le Danemark (défaite 2-1) en ouverture puis ménagé, avant d'être contraint au forfait.

Touché face aux Danois, Raphaël Varane (cuisse) a aussi dû jeter l'éponge. Kylian Mbappé (genou) est sorti du même match en grimaçant et a mis une semaine avant de pouvoir rejouer, affaibli en Autriche (1-1) et encore probablement diminué lundi.

La veille, seuls treize joueurs de champ avaient pu participer à l'entraînement collectif, ce qui en dit long sur le bricolage auquel Deschamps a été contraint.

Liste contraignante, système revu

Alors qu'il avait misé sur un système à trois défenseurs centraux quasiment toute la saison, il a suffi d'une défaite, d'entrée face au Danemark, pour que le sélectionneur revoit radicalement ses plans.

Le patron des Bleus a relancé son 4-4-2 du Mondial-2018 lors des trois matches suivants et son effectif est soudain apparu assez limité pour ce schéma, à l'image du poste d'arrière droit, occupé lundi par Jules Koundé malgré des performances très insuffisantes lorsqu'il a été aligné dans ce rôle en sélection.

Le profil de Jonathan Clauss, perçu comme un joueur de côté, semble ainsi plutôt inadapté, alors que d'autres ailiers plus offensifs, comme Ousmane Dembélé, n'ont pas été appelés en raison notamment de leur "utilisation dans le système", dixit Deschamps.

"Par rapport aux joueurs aptes à débuter, (il fallait) les mettre dans les meilleures dispositions, ce qui m'a amené à changer de système", s'est-il défendu après le revers contre la Croatie.

L'équipe alignée allait pourtant à l'encontre de ce postulat: Koundé a joué sur le côté alors qu'il évolue habituellement au centre de la défense, tandis qu'Adrien Rabiot et Christopher Nkunku, excentrés à Saint-Denis, préfèrent évoluer dans le cœur du jeu.

Large revue d'effectif

"Ce rassemblement m'a permis de donner du temps aux jeunes pour s'aguerrir, quitte à faire des erreurs qui se paient cash", a voulu retenir Deschamps, forcé de (re)lancer dans le grand bain des joueurs peu ou pas capés.

Au jeu de la rotation, le gardien N.2 Mike Maignan s'est montré à son avantage, ne s'inclinant que sur des penaltys contre la Croatie (1-1 à l'aller, 0-1 au retour). Le titulaire Hugo Lloris garde sa place au chaud mais, en cas de pépin, les Bleus peuvent compter sur le Milanais.

En défense, Presnel Kimpembe a offert la solidité attendue dans l'axe, brassard de capitaine au bras lors de ses deux titularisations. Le forfait de Varane a permis à William Saliba (21 ans) et au nouveau venu Ibrahima Konaté (23 ans) de se montrer, sans pleinement convaincre.

Le premier a été trop tendre sur le but vainqueur de l'Autriche; le second a concédé le pénalty fatal contre la Croatie lundi, une maladresse qui entache une copie plutôt encourageante.

Au milieu de terrain, Aurélien Tchouaméni a consolidé son statut émergent, malgré ses 22 ans, semant de vraies promesses sur la route du Mondial.

Ce fut moins flagrant pour Mattéo Guendouzi (23 ans), à l'expression parfois limitée malgré une implication sans faille.

Entré en jeu à Split, Boubacar Kamara (22 ans) a allié efficacité et abattage à Vienne, avant de baisser un peu en régime à Saint-Denis, tout en montrant de belles choses.

Après un premier rassemblement assez neutre en mars, Christopher Nkunku (24 ans) s'est invité dans le bal des prétendants pour une place au Mondial dans la très concurrentielle ligne d'attaque tricolore.

Le joueur de Leipzig a signé deux passes décisives.

AFP