Un nouveau monde pointe à l’horizon, et il faut le penser. Il sera ce qu’on en fera.

L’ancien qui est en train de mourir a été peu amène pour l’humanité. Il n’a pas mis fin aux grands maux qui guettent en permanence l’humanité : la guerre et la pauvreté, et leurs avatars, les guerres civiles et les inégalités.

Depuis la pandémie du Covid, le monde était en mal de grands récits qui le maternaient. Il était sans repères, en butte à ce qu’on appelait le grand bouleversement. Le chambardement touchait autant les axes que les acteurs. On n’était plus dans cette image d’Epinal, portée à bras le corps des thurifères de la fin de l’Histoire où guerres et idéologies seraient rangées dans les tiroirs de l’histoire, ou encore celle de la mondialisation heureuse, ou du doux commerce, idée chère à Montesquieu et remise au parfum du jour par le président Clinton pour raboter les velléités belliqueuses des nations. Ce n’était, au regard de la réalité, qu’un vœu pieux.

Bien avant la pandémie, la crise financière et économique de 2008, a montré les limites du néolibéralisme. Mais c’est la grande pandémie qui a mis à nu la fragilité du modèle de développement néolibéral, autant que les fissures qui traversent l’ordre mondial, avec un brin de guerre froide entre les Etats Unis et la Chine.

Ce n’était que l’interrègne où l’ancien mourrait mais le nouveau n’arrivait pas à naître.

La guerre russo-ukrainienne met fin à l’interrègne. Rien ne sera plus comme avant. La phase du clair-obscur est terminée. Nous devons parler vrai.

Le monde vivait une incongruité sans trop se l’avouer. Les règles qui régentaient le monde dataient de l’après Deuxième Guerre mondiale, quand les trois quarts de l’humanité n’avaient pas droit au chapitre, car dominés. Les deux instances économiques, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, étaient l’expression d’une approche keynésienne, somme toute compréhensible à l’époque, pour la reconstruction du monde et particulièrement l’Europe. Vite, les deux instances de Bretons Woods, se sont muées en Banques d’affaires et un outil de pression, de domination et de contrôle.

L’instance qui avait pour but la paix et la sécurité dans le monde, les Nations Unies, avait failli. Comment peut-elle faire autrement alors qu’elle est une survivante d’un monde qui a cessé d’exister ?

Comment admettre que les vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale, puissent seuls disposer du droit de veto au Conseil de sécurité ? Deux continents sont absents, l’Afrique et l’Amérique latine, sans parler des ensembles civilisationnels, qui n’ont pas droit au chapitre.

L’arme nucléaire n’avait de raison que persuasive, et cela pouvait s’expliquer pendant la Guerre froide. Mais quelle gage, peut avoir le monde sur son non utilisation ? Quelle garantie qu’un accident ne puisse avoir lieu, dans des centrales nucléaires, comme ce fut le cas pour Tchernobyl en 1986 ? La prolifération de l’arme nucléaire ne participe-t-elle pas à l’augmentation des risques d’accidents et de catastrophes ?

Le monde qui a prévalu depuis la chute du mur de Berlin, n’a pas été juste. Il a failli ou, pour reprendre une expression américaine, "n’a pas délivré" ce qu’il avait promis, paix, justice, liberté… et autres grands principes. Il ne pouvait que faillir parce qu’il était exclusif.

Populisme et islamophobie, étaient des exutoires et exercices dérivatifs d’un mal profond qui rongeait l’Occident, ou ce qu’aucuns appellent par la mélancolie existentielle.

Il est regrettable qu’on recoure aux armes pour dénoncer un ordre inique. Rien ne justifie à ce qu’une nation puisse recourir aux armes, sauf dans le cas où elle est agressée. La raison d’être du droit est de protéger le faible. Et il faut se ranger du côté du droit et de la justice pour que la justice et le droit se rangent du côté de ceux qui aspirent à un monde meilleur.

Rendons aux idées leur force et au droit son lustre. Oui, l’humanité aspire à un nouveau contrat social. Celui post-Deuxième Guerre mondiale a fait son temps. Nous avons un avant-goût d’un monde hobbesien, et si les règles qui régissent les relations entre les nations ne sont pas revues, il sera promis, hélas, un bel avenir.

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