Le Parti conservateur n’en finit pas d’ouvrir des enquêtes et de s’embourber dans la procédure. Avant de se remettre du scandale du "partygate", l'un de ses députés est acculé à la démission suite à un comportement peu conservateur.

Neil Parish n’y va plus par quatre chemins. Après une semaine embarrassante, le député conservateur a reconnu avoir bel et bien regardé du matériel sexuellement explicite, et à deux reprises, au sein même du sacro-saint de la démocratie britannique.

La première fois, paraît-il, l’élu de 65 était tombé par coïncidence sur le site lorsqu’il en ligne des véhicules agricoles. C’est en tout cas ce qu’il a déclaré à la BBC, reconnaissant tout de même que la deuxième fois était délibérée et un "moment de folie". M. Parish a été suspendu par son parti et fait l'objet d'une enquête par le Commissaire aux normes du Parlement.

Le scandale a éclaté lorsque deux collègues féminines ont porté plainte contre lui, plus tôt cette semaine, l’accusant de regarder du "contenu pour adultes" sur son téléphone portable, alors qu'il était assis près d'elles. Et ce n’est pas une mince affaire. M. Parish risque la suspension, sinon l’expulsion, si la Commissaire aux normes constate qu'il a enfreint le code de conduite des députés.

Une autre épine pour les Tories

Le gouvernement de Boris Johnson est actuellement englouti dans de nombreux scandales, quelques jours avant des élections locales cruciales. Le Premier ministre lui-même a été condamné à une amende par la police pour avoir enfreint ses propres règles de lutte contre la propagation du coronavirus pendant le confinement en 2020, et fait face à une enquête après avoir été soupçonné d’induire le Parlement en erreur au sujet de soirées organisées à Downing Street.

La semaine dernière encore, les Conservateurs étaient dans la défensive. Le parti est accusé de sexisme et de misogynie après que l'un de ses députés d'arrière-ban a déclaré anonymement au tabloïd The Daily Mail, que la président-adjointe du Parti travailliste, Angela Rayner, s’employait à détourner l’attention de Boris Johnson lors des séances des questions au Premier ministre à la Chambre des communes, la comparant au personnage de Sharon Stone dans le film "Basic Instinct". Des propos qui continuent de faire des vagues et font l’objet d’enquête par le régulateur de la presse Ipso (Independent Press Standards Organisation).

Le député du Scottish National Party (SNP), John Nicolson de Ochil and South Perthshire, met en garde contre les retombées de ce déficit moral. "A chaque semaine, son propre scandale pour le Parti conservateur", a-t-il commenté à TRT Français, insistant que "le public mérite mieux que les politiciens qui jettent le discrédit sur le Parlement –​​ et la politique plus largement – ​​avec leur sottise et leur misogynie".

M. Nicolson y voit un effet dissuasif au large public. "Il est urgent de s'attaquer à cette culture qui désespère les électeurs et décourage les femmes de se présenter aux élections", lance-t-il.

Le sexisme a la vie dure au Parlement Britannique

La chancelière de l’Echiquier du cabinet fantôme du Labour, Rachel Reeves, considère que le problème est "énorme". "Il n'y a pas une seule femme députée ou membre du personnel à la Chambre des communes qui n'ait pas ses propres histoires sur le sexisme et la misogynie", a-t-elle affirmé.

Racontant sa propre expérience, elle a révélé qu'en 2015, on lui aurait recommandé de renoncer à son rôle au gouvernement car, étant enceinte alors, sa condition était incompatible avec un travaille aussi exigent. "Personne ne dit cela à propos des députés hommes, qu'ils ne peuvent pas être des politiciens de haut niveau et avoir des enfants".

Pour un pays où la question est acquise et irrévocable, la présence féminine dans l’arène politique suscite dernièrement des débats des plus passionnés au Royaume-Uni. Une succession de gaffes relayées par la presse exposent Westminster comme un lieu de travail très inconfortable pour les femmes. Les commentaires offensifs fusent sur la façon dont une politicienne de haut niveau s'habille plutôt que sur ce qu'elle dit, et les députées s'accommodent des remarques les plus personnelles sur les réseaux sociaux.

Le 3 février 2020, lors d'une séance à la Chambre des communes, la députée travailliste Tracy Brabin a été l’objet de critiques virulentes sur Twitter : des internautes criaient au scandale, jugeant la robe qu’elle portait "pas assez appropriée" pour siéger dans le Parlement.

La baronne Natalie Bennett, membre de la Chambre des Lords, confie à TRT Français que "les événements de la semaine dernière sont choquants pour le pays, mais pas surprenants pour quiconque connaît l'endroit (…) Tout comme le tissu du bâtiment est archaïque et nous échappe, la culture politique et la constitution le sont aussi".

L’ancienne présidente du Parti Vert de l'Angleterre et du pays de Galles de 2012 à 2016 pointe du doigt le fondement même de l’accès au mandat : "Le système électoral uninominal à un tour offre des sièges sûrs qui laissent les députés irresponsables ; la Chambre des Lords non élue – pour autant qu'elle soit plus représentative que la Chambre des communes – est neutralisée par ce statut, et la majorité masculine, la culture politique imbibée de boissons alcoolisés du bâtiment ne change que pour le pire avec Boris Johnson en tant que Premier ministre".

"La démocratie, ce serait une bonne idée. Ce que nous avons maintenant n'a rien à voir avec ça". La conclusion de la baronne Bennett sonnait plus comme une invitation au débat qu’à un constat sans appel.

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