L'âge de retraite s’invite avec force au débat à la course des élections présidentielles 2022. Retour sur les propositions des candidats à la magistrature suprême pour la réforme de l’âge de la retraite.

Une question sensible au cœur du débat des élections présidentielles. La réforme des retraites et plus précisément l’âge de départ est une pomme de discorde entre les différents prétendants à la magistrature suprême.

Aujourd'hui, l'âge légal de départ est fixé à 62 ans, depuis une réforme menée en 2010, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Or, lors de son mandat 2017-2022, Macron a suspendu puis annulé son projet de réforme des retraites à cause de la convergence de deux facteurs : l’intensité du mouvement social des syndicats et des gilets jaunes et la crise sanitaire de Covid-19.

Son objectif était de réformer le système sans toucher à l'âge légal de départ, notamment en mettant en place un système de retraite universel. Ce projet de réforme macronien a entraîné le plus long mouvement social depuis mai 1968 au point qu'en décembre 2019, ce sont plus d’1,5 millions de Françaises et de Français qui sont descendus dans les rues du pays.

En course pour un second mandat, Macron revient à la charge et se repositionne sur la thématique de la réforme mais, cette fois-ci, en proposant de repousser l’âge de départ de 62 à 65 ans, tout en tenant compte des carrières longues, l'invalidité et la réalité des métiers et des tâches.

Deux autres candidats à la présidentielle s'alignent sur cette option d'allongement progressif de l’âge de départ à la retraite. Il s’agit de Valérie Pécresse et Eric Zemmour. Ce dernier s’inscrit dans la même perspective mais avec un seuil de 64 ans.

Ce premier bloc, de trois candidats, avance l’argument de la nécessité de garantir la pérennité des régimes de retraites, qui ont été lourdement affectés par la crise sanitaire entraînant un déficit de 13 milliards d’euros en 2020. En repoussant l’âge de retraite, le pari est de retrouver l'équilibre financier à l’horizon 2030 grâce à une réduction du poids des dépenses et l’augmentation des ressources à travers la cotisation des travailleurs pour une longue période de leur carrière professionnelle.

Prévisions des recettes à l’horizon 2030 : 15 milliards d’euros

Financièrement, les simulations optimistes des partisans de la retraite à 65 ans tablent sur des recettes de 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2030. Le candidat à sa réélection, Macron, propose, d’ailleurs, de réaffecter cette manne financière pour soutenir des mesures sociales en faveur des retraités, la protection sociale, la santé et la baisse des impôts.

Le second bloc des partisans de la réforme de la retraite plaide plutôt pour le rétablissement de la retraite à 60 au lieu de 62 ans et la fixation de la durée de cotisation pour une retraite complète à quarante ans. C’est le cas des candidats Marine le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou et Fabien Roussel.

Pour financer cette réforme, les partisans de la retraite à 60 ans recommandent la mise en place d’une cotisation sur les revenus financiers notamment sur le capital, les plus-values boursières et les dividendes.

Or, plusieurs économistes estiment que les prévisions de revenus de ce modèle de cotisation sont exagérées et risquent de pousser le recours à l’endettement pour financer le régime des retraites basé sur l’âge de 60 ans.

Au-delà du débat sur l’âge, la viabilité du système des retraites reste menacée financièrement à cause de l’aggravation du déficit. L’efficacité d’une réforme, quel que soit le résultat des urnes, ne dépend pas seulement du paramètre de l’âge.

TRT Francais