La présidente de l'université Columbia comparaît devant une commission parlementaire au Congrès américain/ Photo: Reuters (Reuters)

Des dizaines de policiers en tenue de combat, doubles contrôles d’identité, drones et hélicoptères survolant la zone.

C’est désormais le nouveau paysage qui règne sur le campus de l’université Columbia à New York depuis que sa présidente, Minouche Shafik, a eu recours aux forces de l’ordre pour démanteler un campement estudiantin en soutien à la Palestine la semaine dernière.

Une centaine d’arrestations a eu lieu ce jour-là, mais cela n’a fait qu’attiser la ferveur des manifestations aussi bien au sein de l’université Columbia, à l’histoire militante, qu’à travers d’autres universités de par le pays.

Les forces de l'ordre arrêtent une centaine d'étudiants à l'université Columbia à New York. Photo: AA (Others)

Qui est Minouche Shafik?

L'Université Columbia a annoncé l'année dernière que Shafik succéderait au président sortant Lee Bollinger, pour devenir la 20ème présidente de l’université et la première femme à occuper ce poste.

Jonathan Lavine, président du conseil d'administration, avait salué la nomination de Shafik : "Ce qui distingue Minouche en tant que candidate, c'est sa confiance inébranlable dans le rôle vital que les établissements d'enseignement supérieur peuvent et doivent jouer dans la résolution des problèmes les plus complexes du monde", a-t-il dit dans un communiqué datant de janvier 2023.

Shafik est née à Alexandrie, en Égypte, et a quitté le pays avec sa famille à l'âge de quatre ans. Elle est titulaire d'une maîtrise en économie de la London School of Economics et d’un doctorat en économie de l'Université d'Oxford.

Avant de rejoindre l’université Columbia, Shafik a été directrice de la London School of Economics and Political Science pendant plus de cinq ans.

Elle a débuté sa carrière à la Banque mondiale, où elle s’est démarquée en tant que plus jeune vice-présidente à l'âge de 36 ans.

Malgré ce parcours remarquable, Shafik ne semble pas avoir le vent en poupe depuis son témoignage devant une commission au Congrès américain, dans le cadre d’une série d’audiences concernant l’antisémitisme sur les campus universitaires.

La controverse au rendez-vous

Lors d’une audience au Congrès, les législateurs républicains ont remis en question les efforts de l’université Columbia pour réprimer l’antisémitisme sur le campus.

Les réponses de la présidente Shafik à ces reproches ont suscité des critiques de la part d’étudiants de tous bords, déclenchant des protestations en duel.

La répression est intervenue un jour après que des étudiants pro-palestiniens ont érigé un campement avec des dizaines de tentes et ont refusé de partir tant que leurs revendications n'étaient pas satisfaites.

Pour la première fois depuis des décennies, la police new-yorkaise a envahi le campus, arrêtant au moins 108 manifestants et jetant les tentes sous les huées des étudiants.

Les arrestations n’ont pourtant pas réussi à dissuader les manifestants. Bien plus que cela, elles ont attisé la ferveur des manifestations estudiantines à travers le pays.

Appels à la démission

La représentante Elise Stefanik, qui représente le 21e district du Congrès de New York, a récemment appelé Shafik à démissionner en raison de la controverse.

"Il est clair que l'Université Columbia, autrefois un phare de l'excellence académique fondée par Alexander Hamilton, a besoin d'un nouveau leadership", a posté Stefanik sur les réseaux sociaux.

"La présidente Shafik doit démissionner immédiatement. Et le conseil d'administration de Columbia doit nommer un président qui protégera les étudiants juifs et appliquera les politiques éducatives", a-t-elle ajouté.

La délégation républicaine du Congrès de New York a envoyé une lettre en début de semaine, faisant écho à l'appel de Stefanik et écrivant que l'état du campus "est le produit direct de vos politiques et de vos décisions mal avisées".

Le président de la Chambre des représentants au Congrès américain, Mike Johnson, a également appelé à la démission de Shafik lors de sa visite à l'université, mercredi.

Le New York Times, citant des sources bien informées, a en fait révélé que la présidente a reconnu lors d’une réunion du conseil des sages de l’université, que le recours à la police n’a fait qu’empirer la situation.

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