Plus de 1 200 personnes ont participé à un meeting organisé à Gennevilliers en solidarité avec la Palestine (Others)

"Tahia Tahia Palestine !" (Vive la Palestine !). Dans la soirée du vendredi 26 janvier, la salle des fêtes de Gennevilliers est comble. Ils sont plus de 1 200, de tout âge, à avoir répondu à l’appel du collectif Urgence Palestine, et fait le déplacement vers la ville située au nord de Paris pour un meeting de longue haleine.

Interventions de militants, d’anciens prisonniers palestiniens, diffusion de vidéos de témoignage depuis Gaza, ou Jérusalem, dabké (danse traditionnelle proche-orientale), concerts (Bachar Mar Khalifé, Osloob et Issa Murad), le programme est dense, riche et varié, ponctué régulièrement par les slogans phares des manifestations qui, chaque week-end depuis trois mois, battent le pavé parisien pour demander un cessez-le-feu, la fin de la colonisation et afficher un soutien à la Palestine.

"En France, manifester était interdit (ndlr : au début du conflit). Mais il était encore plus difficile d’avoir une salle, un endroit où on peut, enfin, posément, expliciter notre vision, notre analyse, le projet qu’on porte, en tant que Palestiniens aujourd’hui", explique Omar Al Soumi, qui de sa voix de stentor, a captivé l’audience, l’invitant notamment à une minute de silence en hommage aux victimes palestiniennes tuées par Israël à Gaza et en Cisjordanie suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

"L’enjeu est de traduire cette émotion par une compréhension enracinée des choses et donner à tout le monde les armes, y compris intellectuelles, pour tenir dans la durée" poursuit le militant, né en France en 1981 de parents palestiniens de Jénine.

"C’est important de prendre une soirée où on parle du fond, de ce qui se passe en Palestine, des perspectives, des actions possibles, de boycott, de marche", explique Neva Bekhtari, militante du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), et membre de Urgence Palestine, collectif né après le 7 octobre, pour organiser la mobilisation en faveur de la Palestine. "C’est là qu’il faut être, c’est dynamique, c’est jeune, c’est assez radical", explique la militante de 35 ans.

Sur l’estrade, les organisateurs ne manquent pas de remercier la ville de Gennevilliers pour son accueil, notamment son maire, Patrice Leclerc, qui a eu "le courage politique d’affirmer sa solidarité avec la Palestine", un "maire qui a fait afficher en novembre 2023 une immense banderole appelant à un cessez-le-feu à Gaza, alors que de l’autre côté, à Paris, la maire, en octobre 2023, a fait illuminer la Tour Eiffel aux couleurs d’israël".

Prenant la parole, le maire de Gennevilliers s’adresse à une salle conquise : "Vous êtes ici chez vous et chez Salah Hamouri, qui est citoyen d’honneur de la ville de Gennevilliers tout comme Nelson Mandela".

L’Afrique du Sud est d’ailleurs régulièrement mise à l’honneur lors du meeting, pour avoir saisi la Cour internationale de Justice (CIJ) en décembre dernier, estimant qu'Israël commettait un génocide à Gaza. La Cour a rendu sa décision ce même vendredi. Elle ordonne à Israël de "prévenir et punir" l’incitation au "génocide" et l’appelle à laisser entrer l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Prenant ensuite la parole, le militant des droits humains palestiniens, Rami Shaath, considère que "le monde libre est désormais dirigé par le sud global, à la tête duquel il y a l’Afrique du Sud".

"L’Afrique du Sud a obtenu que la CIJ se saisisse du crime de génocide. Elle a obtenu la preuve et la démonstration qu’il ne s’agit pas d’un conflit mais d’une guerre génocidaire. Elle a obtenu qu’Israël soit défini comme une puissance occupante qui mène une politique systématique d’apartheid (…) A nous de tirer profit de cette décision de justice", déclare-t-il.

Salah Hamouri, avocat palestinien incarcéré pendant 10 ans dans les prisons israéliennes estime, de son côté, que "l’acceptation de la plainte de l’Afrique du Sud va ouvrir des portes, politiquement, pour isoler, sanctionner et poursuivre en justice les chefs criminels israéliens devant la CIJ". Il appelle la France à "arrêter ses échanges commerciaux et d’armement et stopper la participation de 4 000 Français dans l’armée israélienne qui participent directement au génocide. Ces soldats, quand ils rentreront en France, doivent finir en prison pour leurs crimes de guerre".

Pour lui, "la solution à deux Etats n’existe plus. Il ne reste que la solution d’un seul Etat dans lequel il y a un respect pour les droits des Palestiniens et surtout le droit du retour du peuple palestinien. Mais le plus important est un cessez-le-feu immédiat et la levée du blocus de Gaza".

Il est 23h30. La soirée s’achève par une dabké collective. Rendez-vous est pris pour une nouvelle manifestation dimanche, organisée par Europalestine et le NPA. Urgence Palestine, de son côté, prépare la marche de jeudi 1er février vers Bruxelles, pour demander aux chefs d’Etat réunis au Conseil européen le cessez-le-feu et la levée du blocus immédiats à Gaza.

TRT Francais