Des membres des services ukrainiens se préparent à tirer depuis un obusier sur une ligne de front, alors que l'attaque de la Russie contre l'Ukraine se poursuit, près de la ville de Bakhmut, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le 2 mars 2023/ Photo : REUTERS (Others)

Le groupe paramilitaire russe Wagner, dont les hommes sont en première ligne sur le front en Ukraine, a revendiqué vendredi avoir "pratiquement encerclé" Bakhmout, ville-symbole de l'est, et appelé le président Volodymyr Zelensky à sonner le retrait de ses troupes.

La bataille pour Bakhmout, ville industrielle dont l'importance stratégique est contestée, dure depuis l'été et a mené à de grandes destructions ainsi qu'à de lourdes pertes dans les deux camps.

La cité est devenue un symbole, car elle est l'épicentre des combats entre Russes et Ukrainiens depuis des mois.

Ces dernières semaines, les forces russes avaient progressé au nord et au sud de Bakhmout, coupant trois des quatre routes d'approvisionnement ukrainiennes et rendant la position des défenseurs de plus en plus précaire.

"Les unités de Wagner ont pratiquement encerclé Bakhmout, il ne reste plus qu'une seule route" pour en sortir, a souligné vendredi le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, dans une vidéo publiée sur Telegram par son service de presse.

En tenue de combat et s'exprimant alors qu'une forte explosion se fait entendre au loin, M. Prigojine a appelé M. Zelensky -qui avait juré de défendre Bakhmout "aussi longtemps que possible" - à donner l'ordre aux troupes ukrainiennes de se retirer de la ville.

"Si avant nous faisions face à une armée ukrainienne professionnelle, qui combattait contre nous, aujourd'hui nous voyons de plus en plus de personnes âgées et d'enfants. Ils se battent, mais leur vie à Bakhmout est courte, un jour ou deux", a lancé M. Prigojine.

"Donnez-leur une chance de quitter la ville, elle est pratiquement encerclée", a-t-il ajouté.

La vidéo montre ensuite trois personnes, un homme âgé et deux jeunes, demandant face caméra à M. Zelensky de leur permettre de partir.

"Extrêmement tendue"

Volodymyr Zelensky s'était rendu à Bakhmout en décembre et avait offert au Congrès américain, lors de sa visite à Washington peu après, un drapeau ukrainien venu de cette partie du front.

Le commandement militaire ukrainien avait admis mardi une situation "extrêmement tendue" à Bakhmout face à une tentative de percée russe.

M. Zelensky avait pour sa part constaté le même jour une augmentation de "l'intensité des combats" autour de la ville, qui comptait quelques 70.000 habitants avant la guerre. Il en reste aujourd'hui 4.500, malgré le danger, selon les autorités locales.

L'état-major ukrainien n'a donné aucune précision sur la situation à Bakhmout vendredi, se contentant de signaler que l'armée avait repoussé 85 attaques russes sur l'ensemble du front ces dernières 24 heures.

Mercredi, le porte-parole du commandement oriental de l'armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, avait démenti auprès de l'AFP qu'un retrait de Bakhmout était en cours.

Les soldats ukrainiens récemment interrogés par l'AFP sur place essayaient, pour certains, de rester optimistes. D'autres ont fait état d'un manque d'hommes, de munitions, et de soutien de l'artillerie.

Incursion en Russie

Les menaces de Wagner interviennent au lendemain d'un incident dans la région russe de Briansk, frontalière de l'Ukraine, incident qui a été présenté par Moscou comme une incursion de "saboteurs" ukrainiens.

Selon les services de sécurité russes, ce groupe a ouvert le feu sur une voiture, tuant deux civils et blessant un enfant dans le village de Lioubetchané, situé juste à la frontière avec l'Ukraine.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré vendredi que Moscou allait "prendre des mesures" pour empêcher de futures infiltrations ukrainiennes. "Des conclusions seront tirées à l'issue de l'enquête", a-t-il ajouté.

La présidence ukrainienne a démenti ces allégations, y voyant une "provocation délibérée" qui vise, selon elle, à justifier l'offensive que mène Moscou depuis plus d'un an.

Dans deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, dont l'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité, quatre hommes en treillis se présentant comme des membres d'un groupe de "volontaires russes" au sein de l'armée ukrainienne ont revendiqué cette infiltration.

Des médias russes et ukrainiens ont reconnu l'un de ces hommes comme étant Denis Nikitine, un néo-nazi russe habitant en Ukraine depuis plusieurs années.

Le Comité d'enquête russe a annoncé vendredi avoir envoyé une équipe sur place, affirmant que la situation était "sous le contrôle des forces de l'ordre". Les forces de sécurité russes (FSB) avaient dit avoir trouvé une "grande quantité d'explosifs" dans la zone.

Selon le député russe Alexandre Khinchteïn, quatre membres de la Garde nationale ont été blessés lors d'une opération dans le village de Souchany, également frontalier.

Les autorités russes ont également rapporté cette semaine plusieurs attaques de drones ukrainiens ayant aussi visé la Crimée annexée. Pour la première fois, un engin est tombé près de Moscou, sans faire de dégâts.

Vendredi, des sources au sein des forces de l'ordre, citées par l'agence TASS, ont rapporté l'explosion d'un drone dans le ciel de la région de Kolomna, à une centaine de kilomètres au sud-est de Moscou.

AFP