Turquie: la Suède se doit d’extrader les terroristes si elle veut rejoindre l'OTAN / Photo: AA (AA)

La Turquie a fustigé, dimanche, la Suède, ainsi que d'autres États européens, pour leur tolérance à l'égard de la persistance de la présence terroriste sur leurs territoires et a fixé leur extradition comme condition pour l’adhésion de la Suède à l'OTAN.

"Nous leur avons dit (à la Suède) : "Si vous n'extradez pas les terroristes que vous avez, alors notre parlement ne pourra pas ratifier cela (l'adhésion à l'OTAN)", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'une réunion avec des jeunes, rappelant les engagements pris par la Suède et la Finlande, en juin dernier, d'adopter une position ferme à l'égard des terroristes afin de se voir reconnaître le droit d'adhérer à l'OTAN.

"Ils doivent tout d'abord extrader près de 130 terroristes pour que leur candidature soit agréée par notre parlement, (mais) malheureusement ils ne l'ont pas encore fait", a-t-il ajouté lors de cette rencontre à Mugla, dans le sud-ouest de la Turquie.

"S'ils ne prennent pas position contre cette situation en Suède, cela pourrait amener les relations avec la Suède à s’envenimer davantage", a-t-il mis en garde, quelques jours seulement après qu'une manifestation organisée à Stockholm a directement mis en cause Erdogan lui-même.

Évoquant une conférence de presse conjointe tenue en novembre dernier avec le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, Erdogan a déclaré qu'il avait demandé à la Suède d'extrader en Turquie le fugitif Bulent Kenes, membre de l'organisation terroriste FETO, soulignant l'importance de cette question.

"Curieusement, leur tribunal a refusé que Bulent Kenes soit expulsé vers la Turquie ", a-t-il ajouté.

Kenes, l'ancien rédacteur en chef du quotidien Today's Zaman et membre présumé de l'organisation FETO, réside en Suède.

Orchestré par le FETO et son chef basé aux États-Unis, Fetullah Gulen, le coup d'État déjoué de 2016 en Turquie, avait fait 251 morts et 2 734 blessés.

Faisant référence aux manifestations du groupe terroriste PKK souvent organisées à Stockholm, Erdogan a souligné que la Turquie a maintes fois averti la Suède à ce sujet, mais "malgré nos avertissements, aucune mesure n'a malheureusement été prise pour mettre fin aux manifestations du PKK/PYD."

Le président turc a également précisé que le président du Parlement Mustafa Sentop a annulé la visite de son homologue suédois Andreas Norlen en Turquie, en réaction aux récentes provocations des partisans du groupe terroriste PKK menées ouvertement dans la capitale Stockholm.

Soulignant que les groupes terroristes ne sont pas seulement présents en Suède et en Finlande, Erdogan a déclaré qu'ils sont également représentés dans des pays comme l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, même si le PKK est classé comme groupe terroriste par l'Union européenne.

Au cours de sa campagne de terreur de plus de 35 ans contre la Turquie, le PKK - classé comme organisation terroriste par la Turquie, les États-Unis et l'UE - s'est rendu responsable de la mort de plus de 40 000 personnes, dont des femmes, des enfants et des nourrissons. Le YPG/PYD est sa branche syrienne.

En vertu d'un mémorandum conclu en juin entre la Turquie, la Suède et la Finlande, les deux pays nordiques s’étaient engagés à prendre des mesures contre les terroristes pour pouvoir adhérer à l'alliance de l'OTAN, qu'ils sollicitent en raison de la guerre menée par la Russie en Ukraine.

L'accord unanime de tous les membres de l'OTAN - y compris la Turquie, membre depuis plus de 70 ans - est nécessaire pour que tout nouveau membre soit admis dans l'alliance.

La Turquie a salué certaines mesures prises par la Suède et la Finlande, mais estime que ces pays doivent en faire davantage, notamment à la suite d'une manifestation terroriste provocatrice qui a eu lieu la semaine dernière à Stockholm, en Suède, et qui visait directement le président turc.

AA