Les relations entre Kigali et Kinshasa sont tendues depuis le génocide de 1994 au Rwanda (AFP)

Le président rwandais Paul Kagame s’est, pour la première fois, exprimé sur le conflit qui oppose son pays à la République démocratique du Congo (RDC) alors que les autorités congolaises accusent le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 aux prises avec les forces congolaises.

“La RDC a des problèmes auxquels elle doit faire face, tout comme nous avons les nôtres en tant que pays souverain. Ce qui est inacceptable, cependant, c'est de voir des groupes armés de la RDC nous attaquer et tuer notre peuple”, a déclaré le Président Kagame s’exprimant à la télévision d’Etat.

“Nous avons eu des bombardements depuis le territoire de la RDC vers le Rwanda qui ont tué des gens et endommagé des biens à plusieurs reprises. Tout du long, nous avons besoin de paix pour nous deux; il faut qu'il y ait la paix au Rwanda et il faut qu'il y ait la paix en RDC”, a-t-il indiqué.

“C'est enregistré et avec des faits, la RDC soutient les FDLR (rebelles Hutus repliés en RDC depuis 1994) , et malheureusement avec la connaissance de la MONUSCO - la Force des Nations unies sur le terrain”, a déploré Kagame alors que les autorités congolaises nient ces allégations.

Alors que les pays de l’Afrique de l’Est vont déployer dans les prochaines semaines une force spéciale chargée de combattre les groupes armés, le Rwanda a été exclu de ce dispositif.

“C’est bien, nous ne supplions personne de participer. En fait, je serais heureux que les problèmes là-bas soient résolus sans notre implication”, a réagi Kagame affirmant souhaiter “le meilleur pour nous deux, la RDC et le Rwanda”.

Il a noté que “si le meilleur ne vient pas, cela devrait toujours me préparer au pire”.

Interrogé sur les communautés s’exprimant en langue rwandaise et victimes des stéréotypes sur fond de conflits entre les deux pays, le président Kagame a indiqué que même s’ils parlent le “kinyarwanda, ce sont des citoyens congolais. La façon dont ils sont devenus citoyens de la RDC ne peut être imputée au Congo ni au Rwanda”.

Les problèmes sécuritaires dans l’Est de la RDC, “ne peuvent être résolus par la force des armes, ils nécessitent des solutions politiques”, a encore déclaré le Président Rwandais.

Les récentes tentatives pour arrêter militairement la violence dans la région se sont avérées infructueuses.

Et malgré des milliards de dollars dépensés pour l'une des plus grandes forces de maintien de la paix des Nations unies, la MONUSCO, plus de 120 groupes rebelles continuent d'opérer dans de vastes étendues de l'est du Congo, près de deux décennies après la fin officielle des guerres civiles dans ce pays d'Afrique centrale.

Les relations entre les deux capitales sont tendues depuis le génocide de 1994 au Rwanda avec comme conséquence l’arrivée massive des Hutus rwandais accusés d'avoir massacré les Tutsis.

Elles s'étaient apaisées après l'arrivée au pouvoir, début 2019, de Félix Tshisekedi. La résurgence du M23 a ravivé les tensions poussant Kinshasa a suspendre les vols de la compagnie Rwandair à destination de la RDC.

AA