Soudan / Photo: Reuters (Reuters)

Depuis le 15 avril, les combats opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo, ont plongé le Soudan, déjà l'un des pays les plus pauvres au monde, dans une profonde détresse.

Vendredi, des frappes aériennes ont pris pour cible le quartier de Bayt Al-Mal à Oumdourdman, près de la capitale Khartoum. "Plusieurs maisons ont subi des dommages" et au moins trois personnes ont perdu la vie dans ces frappes, selon le "comité de résistance" local, une des cellules militantes qui organisent l'entraide entre les habitants.

De leur côté, les paramilitaires ont affirmé que l'armée avait visé des "quartiers résidentiels", provoquant la mort de "20 personnes, dont certaines à l'intérieur d'une mosquée".

Les FSR ont également accusé l'armée d'avoir ciblé l'une de leurs bases où sont détenus des prisonniers de guerre, faisant 20 morts et blessés, sans préciser la répartition exacte entre les victimes.

Au milieu des combats, la situation humanitaire ne fait qu'empirer: les hôpitaux dans les zones d'affrontements ne fonctionnent que partiellement, quand ils ne sont pas fermés.

Deux mois de guerre ont aussi entraîné "le déplacement de plus d'un million d'enfants, tandis que 330 autres ont été tués et plus de 1.900 ont été blessés", a déclaré le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) jeudi dans un communiqué.

La représentante de l'Unicef au Soudan, Mandeep O'Brien, a dénoncé "le cauchemar implacable dans lequel sont piégés les enfants", qui "portent le fardeau le plus lourd de cette crise".

Les enfants représentent plus de la moitié des 45 millions de Soudanais, et selon l'Unicef, plus de 13,6 millions d'entre eux ont besoin d'aide humanitaire.

Parmi ces enfants, 620.000 souffrent de malnutrition aiguë et la moitié pourrait succomber si aucune aide n'est apportée, selon l'organisation.

"Désastre"

Au Darfour, où les témoignages sur des violences de grande ampleur contre les civils se multiplient, "270.000 enfants ont été déplacés par le conflit", rapporte l'Unicef.

Déjà dévastée dans les années 2000 par une guerre civile particulièrement sanglante, cette vaste région de l'Ouest du Soudan se dirige vers un nouveau "désastre humanitaire" que le monde doit empêcher, a plaidé jeudi le responsable de l'ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths.

Vendredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé être parvenu à y distribuer de la nourriture "à plus de 375.000 personnes".

Le chef de la mission de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, s'était dit mardi "particulièrement alarmé" par la situation au Darfour où les violences pourraient constituer des "crimes contre l'humanité".

Le chef de l'armée a accusé jeudi les FSR d'y avoir capturé et tué le gouverneur de l'Etat du Darfour-Ouest, Khamis Abdullah Abakar, après un entretien où il critiquait les paramilitaires.

Les FSR ont nié être responsables mais selon l'ONU, "des récits convaincants de témoins attribuent cet acte aux milices arabes et aux FSR".

Depuis le début des combats, plus de 149.000 personnes ont fui vers le Tchad, d'après l'ONU.

Environ "6.000" ont fui les combats frappant la ville d'El-Geneina (Darfour-Ouest), "coupée de toute communication", pour trouver refuge dans la ville d'Adré au Tchad, a déclaré vendredi l'ONG Médecins sans frontières (MSF).

Jeudi, "250 blessés" ont été pris en charge à l'hôpital d'Adré, dont "130 souffrant de blessures graves".

Réfugiés

Les violences au Soudan ont fait, depuis leur déclenchement, plus de 2.000 morts, selon le dernier bilan de l'ONG ACLED. Plus de 2,2 millions de personnes ont fui le pays, parmi lesquelles plus d'un million en provenance de Khartoum, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Plus de 528.000 réfugiés ont trouvé refuge dans les pays voisins.

Après deux mois de conflit, aucun scénario de retour à la paix ne se profile à l'horizon.

A Khartoum, des témoins ont fait état à l'AFP vendredi de "frappes aériennes" de l'armée dans la banlieue nord, auxquelles ont répondu "des batteries anti-aériennes" des FSR.

Des quartiers entiers de la capitale n'ont plus d'eau potable et l'électricité y fonctionne quelques heures par semaine.

Au Kordofan du Sud, des témoins ont signalé une attaque des paramilitaires contre un poste de police, tandis qu'à El-Obeid, au Kordofan du Nord, des combats ont lieu entre l'armée et les paramilitaires, selon des témoins.

AFP