L'Opep+ discute stratégie, sous pression américaine (Others)

Jusqu'à présent, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), emmenée par Riyad, et ses alliés conduits par Moscou, ont résisté aux appels à ouvrir davantage les vannes pour juguler l'inflation alimentée par les prix de l'énergie.

Mois après mois, les 23 membres s'en sont tenus à des ouvertures marginales de leurs vannes.

Mais l'accord actuel arrive à son terme: sur le papier, ils ont retrouvé les niveaux de production pré-pandémie.

Au printemps 2020, le groupe avait choisi de laisser sous terre des millions de barils de pétrole, pour ne pas inonder le marché avec un brut qu'il ne pouvait absorber pour cause d'effondrement de la demande.

Ces coupes drastiques font désormais partie du passé et il s'agit de décider d'une nouvelle trajectoire.

Après les rencontres éclair de ces derniers mois, "il y a beaucoup plus d'incertitude cette fois-ci", note Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Prévus par visioconférence, les débats techniques doivent débuter à 13H00 heure de Vienne (11H00 GMT), siège du cartel, avant la réunion ministérielle à 13H30.

Un royaume très courtisé

Comment l'Arabie saoudite, chef de file de facto de l'alliance et un des seuls membres à disposer de réserves, va-t-elle répondre à la requête de la Maison Blanche et aux diverses pressions occidentales?

Loin de ses propos sur un Etat "paria" après l'assassinat du journaliste opposant Jamal Khashoggi, Joe Biden s'est rendu pour la première fois en tant que président des Etats-Unis en Arabie saoudite mi-juillet.

Son objectif: convaincre le royaume de pomper davantage pour freiner l'envolée des prix du carburant.

"Riyad et ses alliés devront décider s'il convient d'accéder à sa demande en augmentant sensiblement leur production ou de faire preuve de solidarité envers la Russie en gardant la même ligne", résume Tamas Varga, chez PVM Energy.

La réunion montrera si "le groupe est encore uni, à quel point il est déterminé à rééquilibrer le marché et si le président Biden a une quelconque influence sur le cartel", abonde Craig Erlam.

La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron était lui aussi à la manœuvre en recevant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

A l'issue d'une rencontre dénoncée par les défenseurs des droits humains, les deux dirigeants ont dit souhaiter "intensifier la coopération" pour "atténuer les effets en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde" de la guerre en Ukraine.

L'ombre de la récession

Mais la récente baisse relative des prix du pétrole, sur fond de craintes de récession, pourrait pousser l'Opep+ à jouer la prudence.

Les deux références mondiales du brut évoluaient mercredi matin autour du seuil des 100 dollars le baril, loin des sommets atteints début mars avoisinant les 140 dollars: vers 07H10 GMT, le Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, perdait 0,50% à 100,04 dollars le baril, quand son homologue américain, le WTI, fléchissait de 0,57% à 93,88 dollars le baril.

D'autant que le cartel profite de la donne actuelle. L'Arabie saoudite a enregistré une forte croissance au deuxième trimestre 2022, dopée par l'or noir.

Quelle que soit la décision prise, elle "risque d'avoir peu d'impact" sur les marchés, avertit M. Erlam.

L'alliance peine en effet à respecter les quotas affichés, du fait de crises politiques à rallonge ou encore du manque d'investissements et d'entretien des infrastructures pendant la pandémie.

La production russe, sous le joug des sanctions occidentales en lien avec l'invasion de l'Ukraine, est également diminuée.

AFP