Des camions d'aide humanitaire au point de passage de Rafah / Photo: AA (AA)

Depuis mardi, l’armée israélienne contrôle le point de passage de Rafah qui donne accès à l’Égypte. Seul point de sortie de Gaza vers l’extérieur, il sert aussi bien à évacuer les blessés et malades vers l’Égypte qu’à faire entrer l’aide humanitaire dans l’enclave. Avant la guerre, il permettait les échanges commerciaux avec l’Égypte.

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Mardi, Israël a demandé à plus de 100 00 habitants de l’est de Rafah, “d’évacuer temporairement les lieux” pour se diriger vers Al Mawasi, 10 kilomètres plus loin.

Entretemps, Israël a intensément bombardé certains secteurs de la ville, tuant en 24 heures 35 Palestiniens.

À présent, Israël qui contrôle les entrées et sorties de l’enclave via Rafah, a un autre levier sur les mouvements des personnes et des biens.

Mardi, l’ONU a été empêchée d’accéder à ce point de passage, a fait savoir un porte-parole des affaires humanitaires de l’organisation.

L’Unrwa, l’agence onusienne qui aide les réfugiés palestiniens, redoute des entraves à l’acheminement de l’aide du fait de l’occupation de ce passage stratégique par l’armée israélienne. L’organisation dont le patron, Philippe Lazzarini, a été empêché d’accéder à l’enclave par Israël, assure qu’elle restera sur place.

“L’UNRWA n’évacue pas : l’agence maintiendra une présence à Rafah aussi longtemps que possible et continuera à fournir une aide vitale à la population”, lit-on sur le compte X de cette agence humanitaire onusienne.

L’acheminement de l’aide menacé

Des sources humanitaires ont déclaré à Reuters que le flux d'aide transitant par le terminal avait été interrompu. L’Autorité palestinienne de Gaza déplore dans ce contexte une “ condamnation à mort” contre la population de Gaza, en particulier contre les malades et les blessés qui n’ont pu quitter le territoire sous blocus que par Rafah.

Le seul autre point de passage dans le sud, le passage voisin de Kerem Shalom, par lequel la plupart de l'aide à Gaza a été acheminée récemment, a également été fermé.

Le porte-parole du bureau humanitaire de l’ONU, Jens Laerke, a déclaré que ces mesures laissaient les deux principales artères d’acheminement de l’aide vers Gaza “ étouffées “, avec des stocks faibles à l’intérieur de Gaza.

La faim, qui règne en particulier le nord de Gaza, s'aggraverait encore davantage si les lignes d'approvisionnement sont interrompues, a mis en garde sur X l'UNRWA.

Le chef de l'agence de l'alimentation de l'ONU a averti qu'une “ famine à grande échelle” s'était installée dans le nord de la bande de Gaza, une enclave de 2,3 millions d’habitants.

L'Organisation mondiale de la Santé a déjà exprimé sa préoccupation quant au fait que la fermeture du passage entre l'Égypte et Gaza aurait un impact important sur l'approvisionnement en médicaments et l'accès du personnel médical.

Les autres voies d’acheminement de l’aide

Après avoir annoncé le blocus, Israël a progressivement ouvert plus de points de passage.

La réouverture du terminal d’Erez était l’une des principales revendications des agences d’aide internationale pour réduire la faim qui semble plus intense dans ce secteur.

Un responsable israélien a déclaré le 1er mai que l'objectif était de faire entrer à Gaza 500 camions d'aide par jour.

Le passage de Kerem Shalom, à la jonction d’Israël, de Gaza et de l'Égypte, a rouvert à la circulation en décembre et depuis lors, plus de 14 000 camions transportant de l'aide pour Gaza sont entrés par cette route - plus encore que ceux qui ont transité par Rafah, selon les données de l'UNRWA.

Des quantités limitées d’aide ont également atteint Gaza par voie maritime et aérienne. Les troupes américaines ont commencé en avril la construction d’une jetée maritime au large de la côte de Gaza, dans le but d’accélérer le flux d’aide vers l’enclave lorsqu’elle deviendra opérationnelle en mai.

Par ailleurs, les médias israéliens, dont le quotidien Haaretz, ont révélé mardi qu'Israël envisageait de transférer le contrôle du passage à une société de sécurité privée américaine.

Une perspective rejetée par le Comité de suivi des forces nationales et islamiques, qui comprend la majorité des groupes palestiniens. Cela s’apparenterait à "une forme d'occupation, et tout projet allant dans ce sens sera traité de la même manière que nous traitons l'occupation (israélienne)", a averti le Comité.


TRT Français et agences