Des Palestiniens pleurent des membres de leur famille tués lors de l'attaque israélienne sur un camp de déplacées à Rafah / Photo: AFP (AFP)

Sur le terrain, des journalistes à Rafah ont rapporté, tôt mardi, des frappes aériennes et des tirs sur un camp de déplacés dans le centre et l'ouest de la ville, faisant 16 morts, dans cette localité située à la pointe sud de la bande de Gaza où les militaires israéliens ont entamé une opération terrestre, début mai.

Ces nouveaux bombardements interviennent dans le sillage d'une vague internationale de condamnations d'une précédente frappe à Rafah, qui a fait, dimanche soir, 45 morts et 249 blessés, selon le ministère de la Santé à Gaza, et mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens dans un camp de déplacés.

"Bouleversée", Washington a appelé son allié israélien à "prendre toutes les précautions pour protéger les civils". Le Canada s'est dit "horrifié" et le président français Emmanuel Macron "indigné". Environ 10.000 personnes se sont réunies à proximité de l'ambassade israélienne à Paris pour dénoncer ces bombardements.

La foule, parmi laquelle certains portaient des keffiehs, a brandi des drapeaux palestiniens et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "On ne tue pas un enfant, qu'il soit juif ou palestinien : Stop aux bombardements, free Palestine", "Rafah, Gaza on est avec toi".

De leur côté, l'Espagne, la Norvège et l'Irlande vont officiellement reconnaître, ce mardi, l'Etat de Palestine lors d'une conférence de presse à Bruxelles, une annonce faite la semaine dernière et qui avait suscité l'ire d'Israël.

Réunion d'urgence

"Je condamne les actions d'Israël ayant tué de nombreux civils innocents qui cherchaient seulement à se protéger de ce conflit meurtrier. Il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza. Ces horreurs doivent cesser", a déclaré de son côté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"Dire qu'il s'agit d'une +erreur+ ne signifie rien pour ceux qui ont été tués, ceux qui sont en deuil et ceux qui tentent de sauver des vies", a renchéri le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, en qualifiant "d'abominable" cette "attaque".

Le premier ministre israélien Netanyahu avait qualifié d’”erreur tragique” le massacre des civils palestiniens.

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence, ce mardi après-midi, ont fait savoir lundi des sources diplomatiques.

Cette réunion à huis clos a été demandée par l'Algérie, membre non permanent du Conseil. L'ONU a demandé une enquête "complète et transparente" sur le bombardement de Rafah.

La Défense civile palestinienne a fait état de nombreux corps "carbonisés" dans l'incendie qui a ravagé le camp de déplacés de Barkasat, géré par l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dans le nord-ouest de Rafah.

"L’enfer sur Terre"

Des images du Croissant-Rouge palestinien, selon lequel le lieu visé par la frappe avait été désigné par Israël "comme une zone humanitaire", montrent des scènes de chaos, des ambulances toutes sirènes hurlantes et des secouristes en pleine nuit sur un site en feu, évacuant les blessés parmi lesquels, des enfants.

Des images après la frappe, montrent les restes carbonisés de tentes et de véhicules.

"Les images de la nuit dernière témoignent de la transformation de Rafah en enfer sur terre", a déclaré Philippe Lazzarini, chef de l'Unrwa, affirmant que certains employés de l'agence étaient portés disparus.

La frappe meurtrière sur Rafah est intervenue deux jours après une décision de la Cour internationale de Justice, la plus haute juridiction de l'ONU, qui avait ordonné, vendredi, à Israël de suspendre ses opérations à Rafah.

Selon l'ONU, l'offensive israélienne sur Rafah avait déjà poussé, en près de trois semaines, quelque 800.000 Palestiniens à la fuite, forçant ainsi des personnes qui avaient tenté de trouver refuge à Rafah plus tôt dans la guerre à se déplacer à nouveau.

Médiateur clé avec le Qatar et les Etats-Unis dans les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu, l'Egypte a condamné un "bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés".

Le Qatar a prévenu que les frappes israéliennes à Rafah pourraient "compliquer les efforts de médiation" et ce, à l'heure où l'ONU prévient contre une famine imminente dans la bande de Gaza assiégée, où la plupart des hôpitaux ne fonctionnent plus.

TRT Français et agences