Mobilisation contre la précarité étudiante à Lyon / Photo: AFP (AFP)

Dans un contexte économique marqué par une inflation galopante, une récente étude de l’İfop et de l’association Cop1 a mis en lumière les difficultés financières croissantes auxquelles sont confrontés les étudiants français. Le coût de la vie a considérablement augmenté ces derniers mois, contraignant trois quarts des étudiants interrogés à changer de manière substantielle leurs habitudes de consommation.

Parmi les statistiques alarmantes, il apparaît que la moitié des étudiants font état d'un "reste à vivre" qui s'avère être inférieur à 100 euros, et pour certains, ce montant se réduit même à moins de 50 euros, une fois les frais de loyer et les charges déduits. Ces chiffres inquiétants reflètent une réalité préoccupante : la précarité financière est devenue la norme pour une part significative de la population étudiante.

Une situation qui frappe durement la jeunesse estudiantine est l'incapacité croissante à subvenir à des besoins essentiels. Près de la moitié des étudiants interrogés, soit 49 %, ont été contraints de limiter, voire de renoncer totalement à l'achat de denrées alimentaires de base, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale qui s'élève à 25 %. Cette restriction alimentaire, causée par des contraintes financières, jette une lumière crue sur les difficultés auxquelles sont confrontés ces jeunes.

Outre l'alimentation, plus de la moitié des étudiants ont également dû restreindre leurs dépenses dans d'autres domaines, notamment les loisirs, les vêtements et l'hygiène personnelle, une situation qui met en exergue la gravité de la crise qui frappe la population estudiantine qui se voit contrainte de sacrifier ses besoins les plus élémentaires pour tenter de survivre dans un environnement économique de plus en plus hostile.

L'étude souligne par ailleurs le manque d’efficacité des aides destinées à lutter contre la précarité étudiante, ce qui remet en question l'efficacité des politiques publiques actuelles. En effet, deux tiers de l'ensemble des étudiants se disent mal informés des aides auxquelles ils pourraient prétendre. Cette méconnaissance est encore plus marquée parmi les étudiants soutenus par l'association Cop1, où trois quarts d'entre eux ne connaissent pas les aides auxquelles ils pourraient avoir droit.

En ce qui concerne le logement, l’étude montre que 25 % des étudiants sondés admettent que leur solde bancaire se trouve réduit à moins de 50 euros une fois acquittés le loyer et les charges. Quant à la ponctualité dans le paiement des charges, elle reste un défi pour 29 % des étudiants, qui peinent à honorer leurs obligations financières en temps voulu, pendant que presque 40 % des jeunes interrogés ont été contraints de renoncer à chauffer leur domicile en raison de l'envolée des tarifs de l'électricité et du gaz.

La question de la conditionnalité des aides est également soulevée, les étudiants renonçant souvent à des avantages en raison de contraintes. Certains appellent à la mise en place d'une aide inconditionnelle pour les étudiants afin de remédier à cette situation.

Une situation plus grave en Ile-de-France

Bien que répandue dans toutes les régions, la précarité étudiante atteint des sommets inquiétants à Paris et en Île-de-France. La capitale française et sa périphérie sont notoirement connues pour imposer un fardeau financier particulièrement lourd aux étudiants. En effet, dans cette région, le coût de la vie pour les jeunes atteint des niveaux vertigineux.

L'Île-de-France se hisse au sommet du podium en tant que région la plus onéreuse pour les étudiants en France. En sus des dépenses quotidiennes essentielles, les étudiants doivent faire face à des loyers souvent exorbitants, dépassant fréquemment les tarifs pratiqués dans d'autres régions du pays. De plus, il convient de prendre en considération le coût croissant des transports en commun, une réalité budgétaire qui pèse de plus en plus lourdement sur les épaules des jeunes.

À la rentrée universitaire de 2023, l'Union Nationale des Étudiants de France (UNEF) a divulgué son classement annuel détaillant le coût de la vie dans les villes estudiantines. Le constat est sans appel : les sept villes les plus coûteuses de cette liste sont toutes situées en Île-de-France. Paris, tristement célèbre pour sa cherté de la vie, trône en tête de ce classement, affichant un coût de la vie mensuel astronomique de 1 557 euros.

En somme, l'étude met en lumière les défis financiers croissants auxquels sont confrontés les étudiants en France, tout en pointant du doigt l’urgence et la nécessité de revoir les politiques publiques pour atténuer les conséquences dévastatrices de l'inflation sur la vie des étudiants. La précarité financière qui touche cette génération en formation menace non seulement leur bien-être actuel, mais aussi leur avenir.

TRT Francais