Pourparlers jeudi entre l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Karabakh / Photo: AFP (AFP)

Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, les affrontements ont fait au moins 200 morts et 400 blessés. Le ministère russe de la Défense a lui annoncé que deux soldats russes avaient été tués mercredi lorsque leur voiture a été visée par des tirs.

Acculés par la puissance de feu des unités azerbaïdjanaises, les séparatistes ont accepté de participer jeudi dans la ville de Yevlakh, à 295 km à l'ouest de Bakou, à de premiers pourparlers sur "la réintégration" à l'Azerbaïdjan du Karabakh, après la signature d'un cessez-le-feu.

En parallèle, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU se tiendra jeudi après-midi, a confirmé la présidence albanaise du Conseil mardi soir.

A la veille des pourparlers, Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais, a assuré que l'Azerbaïdjan avait "pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh" et une "normalisation" des relations avec l'Arménie.

Il a promis "un passage en toute sécurité" aux forces séparatistes arméniennes, assurant que "toutes les actions" menées "sur le terrain" étaient coordonnées avec le contingent de maintien de la paix russe.

Vingt-quatre heures après le lancement de son opération militaire, l'Azerbaïdjan a "rétabli sa souveraineté" sur le Karabakh après une victoire éclair sur les séparatistes arméniens qui ont "commencé" à déposer les armes, s'est félicité mercredi le président azerbaïdjanais.

Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit les craintes d'un départ massif des 120.000 habitants du Karabakh, tandis que des images diffusées par des médias locaux montraient une foule rassemblée à l'aéroport de la capitale des séparatistes Stepanakert, contrôlé par les Russes.

Plus de 10.000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées ont d'ores et déjà été évacuées de l'enclave, a indiqué mercredi soir un responsable des séparatistes.

Pachinian sous pression, Aliev renforcé

La capitulation des séparatistes a fait monter la pression sur le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, critiqué pour ne pas avoir envoyé d'aide au Karabakh.

Au lendemain de heurts devant le siège du gouvernement, des milliers de manifestants se sont de nouveau rassemblés mercredi soir et des incidents ont éclaté avec la police. Pachinian "doit partir, il ne peut pas diriger le pays", a déclaré l'un d'eux, Sarguis Hayats, un musicien de vingt ans.

Usant de la manne pétrolière pour renforcer son armée, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev est quant à lui en passe de réussir son pari de reprendre le contrôle de cette région majoritairement peuplée d'Arméniens, qui a été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie: l'une de 1988 à 1994 (30.000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6.500 morts).

Cette victoire "va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev", au pouvoir depuis vingt ans.

Poutine espère un "règlement pacifique"

Totalement absorbée par la guerre en Ukraine depuis plus d'un an et demi, la Russie a joué un rôle de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu, ont affirmé les séparatistes et Bakou. Mais Moscou, qui juge que la crise au Karabakh est une "affaire intérieure" de l'Azerbaïdjan, n'a jusqu'ici rien dit de l'accord.

Mercredi soir, le président russe Vladimir Poutine a toutefois indiqué que les négociations sur le futur de l'enclave se dérouleraient avec "la médiation" des forces russes déployées sur le terrain.

Craignant que la reprise des hostilités ne déstabilise tout le Caucase, les Occidentaux et la Russie avaient appelé à un arrêt immédiat des combats dès mardi.

Les autorités azerbaïdjanaises ont déclenché mardi leur opération "antiterroriste", à la suite de la mort de six personnes dans l'explosion de mines posées, affirmaient-elles, par des "saboteurs" arméniens.

Les relations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie sont tendues depuis 1991, lorsque l'armée arménienne a occupé le Karabakh, un territoire reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, ainsi que sept régions adjacentes.

À l'automne 2020, l'Azerbaïdjan a libéré plusieurs villes, villages et territoires de l'occupation arménienne au terme de 44 jours de combats. La guerre s'est terminée par un cessez-le-feu négocié par la Russie.

Cependant, les tensions sont restées vives dans la région, les deux parties s'accusant mutuellement de provocations.

AFP