Pénurie énergétique en Allemagne: la crise en Ukraine met-elle fin aux années fastes ? (DPA)

Douches froides, corvée du linge, ambiance de pénombre… L’hiver s’annonce plutôt morose pour une grande partie de la population en Allemagne, à en croire la sérieuse revue en ligne “Insider” qui a examiné de près l’impact de la crise énergétique engendrée par l’offensive militaire russe en Ukraine.

Passant en revue les médias allemands, la publication américaine décèle la prépondérance d’un discours qui prône la frugalité et le retour aux sources. Et pour cause: l’interruption de l’approvisionnement des centrales énergétiques par les hydrocarbures russes a provoqué une montée en flèche des factures d'électricité à environ 600% obligeant ainsi les Allemands à renoncer à certains aspects de leur luxe moderne. Mais est-ce que le rationnement sera suffisant pour éviter une panne d’électricité au pays le plus accoutumé au gaz russe en Occident ?

Alors que l’automne commence à se faire sentir, des habitants disent qu'ils utilisent l’eau chaude dorénavant avec parcimonie, qu'ils sèchent leur linge à l'air et qu'ils passent aux ampoules LED… entre autres astuces dictées par la flambée du coût de l’énergie.

"Nous n'utilisons pas notre séchoir, nous prenons des douches plus fraîches et plus courtes et nous n'avons pas l'intention de chauffer deux pièces de notre maison cet hiver", a confié un Berlinois d’une quarantaine d’années dans un récent sondage.

Côté entreprise, Insider révèle que de nombreuses compagnies allemandes ont recours à des restrictions énergétiques pour rester compétitives sur les marchés. Le groupe immobilier Vonovia, à titre d’exemple, a annoncé des mesures pour la réduction des coûts de chauffage d'environ 8% en coupant les radiateurs de ses locaux pendant la nuit entre 11 heures du soir.

Des mesures plus drastiques sont signalées comme à Dippoldiswalde, une ville de l’Etat de Saxe, certains résidents ont été notifiés de l’interdiction de prendre des douches chaudes entre 8 h et 11 h, 13 h et 17 h, et après 21 heures, selon la page Facebook d'une coopérative d'habitation.

La ville de Hanovre avait publié, dès le mois de juillet, une liste de restrictions qui incluent la limitation de l’usage des appareils électroniques de bureau comme les imprimantes, la limitation de l’approvisionnement en eau chaude des hôpitaux et écoles, la fermeture des fontaines publiques et imposer le seuil de 20 degrés Celsius de température maximale dans les bâtiments municipaux.

"L'objectif est de réduire notre consommation d'énergie de 15%. Il s'agit d'une réaction à la pénurie imminente de gaz, qui représente un défi majeur pour les municipalités, en particulier pour une grande ville comme Hanovre", a expliqué dans un communiqué le maire de la ville, Belit Onay.

En effet, parmi tous les États membres de l'Union européenne, l'Allemagne est la plus dépendante du pétrole russe. Une situation « périlleuse » selon les propos de la revue, étant donné les changements dramatiques de la donne géostratégique imposée subitement par les hostilités en Ukraine.

Plus de la moitié du gaz naturel allemand provenait de la Russie. Cet apport est tombé à 35%. Mais les responsables craignent le pire si la Russie choisit de réduire davantage ses exportations de pétrole vers l’Europe cet hiver, en représailles aux sanctions occidentales.



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