Emmanuel Macron et le Roi du Maroc Mohamed VI lors d'une visite à Tanger (Maroc) en 2018 - Reuters (Others)

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna devrait se rendre mi-décembre à Rabat pour préparer une visite du président Emmanuel Macron prévue en janvier, ont indiqué des sources diplomatiques.

"Tout est encore en mouvement, il peut toujours y avoir un report du voyage à l'amiable", a toutefois noté une de ces sources.

Prévue depuis des mois, la visite d'Etat d'Emmanuel Macron a peiné jusqu'alors à se concrétiser en raison d'une série de sujets qui empoisonnent les relations bilatérales.

Première pomme de discorde: la "guerre des visas" liée à la décision de Paris en septembre 2021 de réduire de moitié les permis d'entrée accordés aux Marocains, arguant de la réticence du royaume à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone.

Une mesure qualifiée d'"injustifiée" par Rabat, d'"humiliante" par les ONG humanitaires et de "grande maladresse" dans les milieux francophones marocains.

Le dossier du Sahara

En outre, Paris est jugée trop attentiste sur la question du Sahara - "cause nationale" du Maroc - et sa nouvelle lune de miel avec l'Algérie, rivale régionale, a fait grincer des dents.

Côté français, on n'a guère apprécié les révélations du consortium de médias Forbidden Stories, selon lesquelles des numéros de téléphone d'Emmanuel Macron et de ministres, entre autres, ont été ciblés en 2019 par le Maroc, utilisateur du logiciel espion israélien Pegasus. Rabat a démenti.

Toutefois, après des mois de "crise silencieuse", Emmanuel Macron et Mohammed VI ont repris contact le 1er novembre en vue d'une prochaine visite du président français.

Le conflit du Sahara oppose depuis des décennies le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger. Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination tandis que Rabat promeut une autonomie sous sa souveraineté.

Concession sur les visas ?

Pour autant, la volonté de traiter de la même manière le Maroc, la Tunisie et l'Algérie se télescope avec la crise de l'énergie consécutive à la guerre en Ukraine, qui a poussé la France à se rapprocher d'Alger. Et l'Algérie est un partenaire clé dans la lutte anti-terroriste au Sahel, depuis le départ des troupes françaises du Mali.

Mais le Maroc offre, de son côté, une porte d'entrée en Afrique subsaharienne, où il exerce activement son "soft-power" économique depuis les années 2010. Il est le premier partenaire commercial de la France en Afrique.

Dans un effort pour réchauffer les relations bilatérales, Paris pourrait assouplir sa politique sur les visas qui a provoqué colère et indignation des Marocains, en particulier de la classe moyenne francophile.

A l'Elysée, on souligne ainsi que le durcissement des conditions d'obtention des visas "n'est pas irréversible" d'autant qu'Emmanuel Macron a récemment signalé que cette politique commençait à porter ses fruits.



AFP