Plusieurs manifestations au Pakistan éclatent après la tentative d'arrestation d’Imran Khan / Photo: Reuters (Reuters)

D'importants contingents de policiers soutenus par des canons à eau et des véhicules blindés de transport de troupes ont assiégé la résidence de M. Khan dans la ville de Lahore ,au nord-est du pays, où ils se heurtent depuis mardi à la résistance acharnée de centaines de ses partisans qui ont formé un bouclier humain pour tenter d'empêcher son arrestation.

Des équipes de police de la capitale Islamabad et de la ville de Lahore sont arrivées à la résidence de M. Khan après qu'un tribunal de district a émis un mandat d'arrêt à son encontre lundi, car il ne s'est pas présenté devant le juge malgré les instructions de la Haute Cour d'Islamabad après une affaire liée à la vente illégale de cadeaux qu'il aurait reçus de la part dignitaires étrangers lorsqu'il était au pouvoir.

Brandissant des drapeaux tricolores du parti de centre-droit de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), et scandant des slogans anti-gouvernementaux, les manifestants ont bloqué des routes et organisé des « sit-in » à Islamabad, dans la capitale commerciale Karachi et dans la ville de garnison de Rawalpindi, ainsi que dans d'autres villes du pays, notamment Lahore, Peshawar, Mardan, Charsadda et Faisalabad, ont rapporté les médias locaux.

La province de Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest du pays, qui borde l'Afghanistan et constitue le terrain de prédilection du PTI, a été l'épicentre des manifestations : des barrages routiers ont été érigés et des cravates ont été brûlées dans plusieurs districts.

À Islamabad, et dans la ville voisine de Rawalpindi, les manifestants ont bloqué la route principale de Murree, suspendant le trafic entre les deux cités.

La police d'Islamabad a indiqué dans un tweet qu'au moins 15 manifestants, qui tentaient de bloquer une autre route principale de la capitale, ont été arrêtés.

À Lahore, capitale de la province du Pendjab (nord-est), des centaines de partisans du PTI se sont rassemblés au rond-point Liberty Chowk, au centre de la ville, pour protester contre le siège du domicile de M. Khan et son éventuelle arrestation.

Des manifestants furieux ont jeté des pierres sur la police, tandis que les agents ont répondu par des tirs de gaz lacrymogène et des coups de matraque à différents endroits à Islamabad, Lahore et Karachi.

Le président "profondément attristé par ces événements”

La police a déclaré qu'au moins cinq personnes, dont un officier supérieur, avaient été blessées par des manifestants qui lançaient des pierres devant la résidence de M. Khan.

Ils ont affirmé que les manifestants leur lançaient des pierres depuis le toit de la résidence de Khan.

Le président Arif Alvi, qui appartient au PTI, a critiqué le gouvernement du Premier ministre Shehbaz Sharif pour ses "mauvaises priorités", ajoutant qu'il était préoccupé par la "sécurité et la dignité" de M. Khan.

"Je suis profondément attristé par les événements d'aujourd'hui. Politique de vengeance malsaine", a-t-il déclaré sur Twitter.

"Mauvaises priorités du gouvernement d'un pays qui devrait se concentrer sur la misère économique du peuple. Sommes-nous en train de détruire le paysage politique ?

"Je suis préoccupé par la sécurité et la dignité d'@ImranKhanPTI, comme celles de tous les hommes politiques", a-t-il ajouté.

De son côté, M. Ata Tarar, assistant spécial du Premier ministre, a accusé M. Khan et ses partisans de "dégrader" le pouvoir judiciaire et de recourir à la violence.

Lors d'une conférence de presse à Lahore, M. Tarar a déclaré qu'au lieu d'inciter ses partisans à la violence, M. Khan devrait se soumettre à la loi.

M. Khan, qui est le seul Premier ministre du pays à avoir été renversé par un vote de défiance en 75 ans d'histoire politique du Pakistan, fait l'objet d'un certain nombre d'accusations allant du terrorisme à la tentative de meurtre en passant par le blanchiment d'argent.

La plupart de ces affaires, que M. Khan qualifie d'"imposture", ont été déposées après son éviction.

M. Khan, âgé de 70 ans, attribue son éviction sans cérémonie à un complot soutenu par les États-Unis, une allégation que le gouvernement de coalition en place à Islamabad et Washington ont rejetée à maintes reprises.

Agences