Pakistan: Violentes manifestations suite à l’arrestation de Imran Khan, appels au respect de "l’état de droit"/ Photo: AFP (AFP)

L'arrestation de M. Khan, un ancien joueur de cricket international qui a gouverné de 2018 à 2022, est l'aboutissement d'une longue crise politique au Pakistan.

Quelques heures plus tôt, la puissante armée pakistanaise avait rejeté des accusations de l'ex-chef du gouvernement qui affirmait qu'un officier supérieur était impliqué dans un complot visant à l'assassiner. M. Khan fait par ailleurs pression pour obtenir des élections anticipées dans l'espoir de revenir au pouvoir.

De violentes manifestations ont éclaté après son arrestation. Des protestataires ont fait irruption dans la résidence du commandant militaire de Lahore (est) et ont bloqué les grilles d'entrée du quartier général de l'armée à Rawalpindi, près d'Islamabad. La police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau contre les manifestants à Karachi (sud) et Lahore.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont appelé au respect de "l'état de droit". Les autorités pakistanaises ont restreint l'accès à Twitter, Facebook et d'autres réseaux sociaux, selon l'organisme de surveillance d'internet NetBlocks.

"Cette arrestation est conforme à la loi", a insisté le ministre de l'Intérieur Rana Sanaullah.

Elle a été effectuée par le principal organe de lutte contre la corruption, le National Accountability Bureau (NAB), "un organisme indépendant qui n'est pas contrôlé par le gouvernement", a-t-il souligné.

Une vidéo diffusée sur des chaînes de télévision locales a montré M. Khan poussé par des dizaines de paramilitaires dans une voiture blindée stationnée dans l'enceinte de la Haute Cour d'Islamabad. "Ils l'ont battu et l'ont traîné dehors", s'est plaint à l'AFP Ali Bukhari, un avocat du PTI, le parti de M. Khan.

Le PTI a promis de contester l'arrestation.

"Les principaux dirigeants du PTI rencontreront Imran Khan au tribunal du NAB" mercredi, a déclaré Shah Mehmood Qureshi, vice-président du parti, dans une vidéo publiée sur le site. Il a appelé à la poursuite des manifestations "de manière légale et pacifique" tout en condamnant la répression par la police.

Des dizaines d'affaires

M. Khan, 70 ans, est visé par plusieurs dizaines d'enquêtes judiciaires depuis son éviction en 2022. Il doit comparaître mercredi devant un tribunal spécial qui se réunira dans un bâtiment de la police.

Au cours d'un rassemblement organisé ce weekend à Lahore, M. Khan avait réitéré que le général Faisal Naseer, un officier supérieur des services de renseignement, était impliqué dans une tentative pour l'assassiner en novembre 2022 pendant un meeting. M. Khan avait été blessé d'une balle dans la jambe.

"Ces allégations fabriquées de toutes pièces et malveillantes sont extrêmement malheureuses, déplorables et inacceptables", avait commenté dans un communiqué l'armée, estimant que "cette propagande tapageuse" visait à promouvoir des objectifs politiques".

"Ses allégations sans aucune preuve contre le général Faisal Naseer et les officiers de notre agence de renseignement ne peuvent pas être autorisées et ne seront pas tolérées", avait pour sa part réagi le Premier ministre Shehbaz Sharif, accusé par son prédécesseur d'avoir aussi joué un rôle dans son agression.

AFP