Les Palestiniens de Gaza luttent contre la famine / Photo: AA (AA)

La crise autour de l'UNWRA "détourne l'attention" de la crise humanitaire à Gaza, a déploré l'OMS, alors qu’une vingtaine d’ONG se sont aussi dites "révoltées" par la suspension du financement d’une dizaine de pays.

"Les activités criminelles ne doivent jamais rester impunies. Mais la discussion actuelle ne fait que détourner l'attention de ce qui se passe réellement chaque jour, chaque heure, chaque minute à Gaza. N'oublions pas quels sont les vrais problèmes sur le terrain", a déclaré un porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Christian Lindmeier, lors d'un point de presse régulier à Genève.

Au même moment, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé que le bilan des victimes palestiniennes de l'offensive israélienne meurtrière sur la bande de Gaza depuis le 7 octobre s'est élevé à 26 751 morts.

Une douzaine de pays ont annoncé suspendre leur financement à l'UNRWA après les accusations israéliennes selon lesquelles certains employés seraient impliqués dans les attaques du 7 octobre.

M. Lindmeier a rappelé que le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait appelé les donateurs "à ne pas suspendre leur financement à l'UNWRA en ce moment très critique" car cela "ne fera que nuire à la population de Gaza qui a désespérément besoin d'aide".

"Cela détourne l'attention du fait qu'une population entière est empêchée d'avoir accès à l'eau potable, à la nourriture, à des abris. Cela détourne l'attention du fait que l'électricité est empêchée d'arriver à Gaza depuis plus de 100 jours", a dénoncé M. Lindmeier.

Des ONG "révoltées"

Une vingtaine d'ONG internationales se sont aussi dites "révoltées" par la suspension du financement alors que Gaza vit une situation de "catastrophe humanitaire".

L'UNWRA est le "principal fournisseur d'aide" à Gaza et dans la région et cesser de la financer "va avoir une incidence sur l'aide vitale apportée à plus de deux millions de civils, dont plus de la moitié sont des enfants, qui dépendent tous de (son) aide", pointent 21 organisations non gouvernementales, dont Oxfam, Médecins du Monde, Save the children ou le Danish Refugee Council, dans un communiqué commun.

Ils se disent "choqués" par la décision "irresponsable" de bailleurs de "couper les vivres à une population tout entière", quand ces pays "appelaient eux-mêmes au renforcement de l’aide à Gaza".

"Nous sommes profondément préoccupées et révoltées par le fait que certains des principaux donateurs aient convenu de suspendre leurs financements" à l'UNWRA, s'indignent-t-elles, "alors que la catastrophe humanitaire empire de jour en jour à Gaza".

Les autres agences présentes à Gaza "ne (pouvant) remplacer l'aide humanitaire que l'Unrwa fournit", "si les suspensions de financement sont maintenues, nous risquons d'assister à l'effondrement total de la réponse humanitaire, déjà très limitée, à Gaza", insistent ces associations humanitaires, qui demandent aux pays concernés d'"annuler la suspension de leur financement" à l'UNWRA.

Euro-Mediterranean Human Rights Watch: Israël utilise "la faim comme arme de guerre"

Rami Abdo, chef de l'Observatoire européen des Droits de l’Homme, a déclaré qu'Israël utilise la faim comme une arme pour déplacer les habitants de la bande de Gaza et même les tuer, expliquant que Gaza souffre d'une "grave pénurie" de vivres et que le flux de l'aide qui arrive a diminué d'une moyenne de 500 camions avant la guerre à moins de 100 actuellement.

"Actuellement, plus de la moitié de la population de Gaza souffre d'une faim extrême. Tous les habitants du nord de Gaza sont confrontés à de graves conditions de famine", a-t-il déploré à l’agence Anadolu.

Il a indiqué que les soldats de l'occupation avaient ouvert le feu sur ceux qui tentaient d'atteindre les camions de nourriture qui entraient en petit nombre à Gaza du sud vers le nord, et qu'ils avaient documenté la mort de dizaines de personnes à cause de cela.

"Nous parlons d'une famine délibérée, en particulier dans le nord de Gaza, et les enfants sont les plus touchés par cette situation" a-t-il ajouté.

Agences