Nouvelle-Calédonie: un septième mort dans les émeutes / Photo: AFP (AFP)

Des touristes ont décollé à bord d'appareils militaires vers l'Australie et la Nouvelle-Zélande depuis l'aérodrome de Magenta à Nouméa. L'aéroport international de Tontouta, fermé aux vols commerciaux depuis le 14 mai, le restera au moins jusqu'à mardi.

"Les mesures de raccompagnement des étrangers et des touristes français se poursuivent", a indiqué, dans un communiqué, le Haut-commissariat de la République, représentant l'Etat central.

L'Australie et la Nouvelle-Zélande avaient commencé, dès mardi, à rapatrier leurs ressortissants de la même manière. Vendredi, des citoyens du Vanuatu avaient quitté la Nouvelle-Calédonie à bord d'appareils militaires français.

La situation se débloque petit à petit pour les nombreuses personnes prises au piège dans l'archipel français du Pacifique Sud, secoué par des émeutes depuis le 13 mai.

Un septième mort

Vendredi, le procureur de Nouméa Yves Dupas a annoncé qu'un homme de 48 ans avait été tué par un policier.

Alors qu'ils circulaient à Dumbéa, au nord de Nouméa, deux policiers ont été "pris à partie physiquement par un groupe d'une quinzaine d'individus" et l'un d'eux a fait usage de son arme de service "pour s'extraire de cette altercation physique", a-t-il expliqué.

L'homme abattu est la septième victime recensée depuis le début des troubles après deux gendarmes, dont un dans un tir “accidentel”, trois Kanak (autochtones) et un Caldoche (Calédonien d'origine européenne).

Le policier, "sur lequel des traces de coups ont été relevées", a été placé en garde à vue et le parquet a ouvert une enquête pour homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique.

C'est l'adoption par les sénateurs et les députés à Paris d'un projet de loi controversé qui a mis le feu aux poudres, déclenchant une vague de violences que l'archipel n'avait plus connu depuis quatre décennies.

Le texte en question prévoit l'élargissement du corps électoral pour les scrutins provinciaux en Nouvelle-Calédonie, actuellement réservés aux natifs et aux résidents arrivés avant 1998 ainsi qu'à leurs descendants.

Les indépendantistes craignent que cette réforme ne réduise leur poids et veulent son retrait définitif.

Le peuple autochtone kanak représente plus de 41% de la population locale.

"Desserrer un peu l'étau"

Jeudi, le président français, Emmanuel Macron, a effectué une visite éclair en Nouvelle-Calédonie, où il s'est engagé à ce que la réforme "ne passe pas en force".

Celle-ci doit encore être approuvée par les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès pour être validée.

Au cours d'un entretien accordé aux médias locaux, vendredi, M. Macron a exigé "de manière immédiate" "la levée de tous les blocages", les "points de violences" et demandé "qu'il y ait un appel clair à ces levées" de la part, notamment, du mouvement indépendantiste FLNKS ou de la CCAT, le collectif accusé par le gouvernement d'orchestrer les émeutes.

Prônant toutefois le dialogue, le chef de l'Etat entend donner la priorité à un accord à trouver entre loyalistes et indépendantistes d'ici la fin du mois de juin, pour qu'il puisse ensuite être "soumis au vote des Calédoniens".

Sans appeler à la levée des barrages, le chef de file de la CCAT, Christian Tein, a annoncé en conférence de presse vouloir "desserrer un peu l'étau de manière à ce que le carburant (...) et surtout les médicaments" soient acheminés sur l'archipel, qui a subi des dégâts considérables depuis le 13 mai.

L'état d'urgence instauré le 16 mai continue d'y prévaloir : couvre-feu nocturne, interdiction de rassemblement, de transports d'armes et de vente d'alcool, bannissement de l'application TikTok.

Dans le quartier de Kaméré, à Nouméa, des maisons ont été touchées par des incendies et/ou pillées dans la nuit de vendredi à samedi. Une mère de famille a raconté à l'AFP avoir été sortie de là via l'océan par une brigade d'élite de la gendarmerie avec "plusieurs dizaines de personnes du quartier".

La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d'îles françaises depuis le XIXe siècle, niché dans le Pacifique Sud.

Son économie repose essentiellement sur le nickel, dont elle concentre 20 à 30% des réserves mondiales.

De quoi faire craindre des "ingérences" de la Chine, selon le sénateur français Claude Malhuret, qui a souligné que Pékin avait "besoin de nickel pour produire ses batteries".

Le secteur, qui emploie directement ou indirectement 20 à 25% des salariés calédoniens, est gravement mis à mal par les émeutes.

Dans un message interne diffusé mercredi, l'intersyndicale de la Société Le Nickel a appelé à permettre, de nouveau, l'acheminement de minerai, perturbé par les mouvements de protestation, faute de quoi son avenir serait compromis.

Agences