Niger, la Chine veut s’impliquer dans la résolution de la crise.     / Photo: Reuters (Reuters)

La crise, née du coup d’État qui a renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier au Niger, a mis en exergue l’importance géostratégique de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Le Niger apparaît ainsi comme un enjeu pour les grandes puissances qui, via diverses stratégies, tiennent à préserver ou à renforcer leurs positions et leur influence. Alors que les relations se sont crispées, voire distendues avec la France et que les États-Unis maintiennent leurs acquis, voici la Chine qui surgit comme un partenaire de choix du Niger.

Lundi dernier, le Premier ministre nigérien de transition Mahamane Lamine Zeine s’est entretenu avec l’Ambassadeur de Chine au Niger, son Excellence Jing Feng. À l’issue de la rencontre, l’Ambassadeur Chinois a révélé que son pays était disposé à jouer « un rôle de médiateur » dans la crise politique actuelle que traverse le Niger. « Le gouvernement chinois entend bien jouer un rôle de bons offices, de médiateur, dans le respect total des pays régionaux pour trouver une solution politique à cette crise nigérienne » a déclaré le diplomate chinois.

Pour Raphael Mvogo, l’analyste des questions d’Afrique de l’Ouest, « la Chine est restée fidèle à sa politique de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays africains, au non de la préservation de ses intérêts stratégiques ».

De gros enjeux

La Chine construit actuellement le plus long pipeline d’Afrique. Il s’agit d’un mégaprojet de près de 1980 kilomètres qui ira des puits pétroliers d'Agadem (sud-est du Niger) jusqu'à Sèmè (sur la côte atlantique béninoise).

Ce projet a été confié à l'entreprise chinoise China National Oil and Gas Exploration and Development Company Ltd (CNODC). Cette entreprise, à son tour, a créé deux filiales pour la construction et à la gestion de L'oléoduc. Il revient ainsi à la West African Oil Pipeline Company (WAPCo, au Niger et au Bénin) de construire, d’exploiter, d’entretenir et de gérer ce pipeline pour une durée de 25 ans.

Au bout de cinq ans d’exploitation, ce projet, d’après les spécialistes, devrait transformer de fond en comble l’économie du Niger avec une croissance prévue à deux chiffres. La croissance bondirait alors de 6 à 12 % . Des prévisions élaborées avant la crise actuelle.

Un autre projet énergétique dans lequel la Chine est partie prenante au Niger : la construction du barrage de Kandadji par la compagnie chinoise Gezhouba group. Il est financé à hauteur de 1,1 milliard d’euros (740 milliards de F CFA) par une multitude de partenaires dont la BAD, la Banque Mondiale, la Banque Arabe de développement économique, la Banque d'investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), l’AFD, etc.

En raison des sanctions financières infligées au Niger, la construction du barrage est suspendue. À terme, le barrage de Kandadji devrait assurer au Niger l’autosuffisance énergétique. Le pays s’affranchirait alors de la dépendance au Nigeria qui lui fournit 70 % de ses besoins en électricité.

Une stratégie d’adaptation

La coopération entre les deux partenaires tente d’épouser le contexte. La Chine veut continuer à « nager en eaux troubles, comme elle le fait ailleurs en Afrique, pour préserver ses intérêts ». Au Soudan du Sud ou au Mali, «Pékin, fait remarquer Rapahel Mvogo, participe aux missions de paix des Nations-Unies avec ses contingents de casques bleus ». L'analyste ajoute que « dans la corne de l’Afrique, la Chine dispose même d’un envoyé spécial et d’une base militaire à Djibouti ».

TRT Francais