Des femmes de Gaza / Photo: AA (AA)

En dépit des pressions internationales, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ne renonce pas à son projet de s’attaquer à Rafah. Il a assuré, dimanche, que les Palestiniens agglutinés à Rafah seraient évacués avant toute opération militaire contre cette ville du sud de la bande de Gaza assiégée et adossée à la frontière égyptienne.

"Aucune pression internationale ne nous empêchera d’atteindre tous les objectifs de notre guerre" contre le mouvement palestinien Hamas, "nous agirons à Rafah, cela prendra quelques semaines, mais cela aura lieu", a dit le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à l’entame d’une réunion de son gouvernement, selon un communiqué transmis par ses services.

Le dirigeant israélien trahit ainsi le vieux rêve de vider Gaza de ses habitants pour les transférer de force, dans le désert du Sinaï égyptien.

Des leaders palestiniens aux simples citoyens, tout le monde est sensibilisé à cette logique et s’y oppose énergiquement.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a pendant longtemps décrié ces intentions israéliennes. Par le biais de Nabil Abu Rudeineh, un de ses porte-parole, Abbas n’a eu de cesse de s’opposer à tout transfert, sous quelque forme que ce soit. “Nous considérons qu’il s’agit d’une ligne rouge que nous ne permettrons pas de franchir”, répétait Abu Rudeineh.

Début février, le chef du gouvernement israélien brandissait déjà la menace d’une attaque de grande ampleur sur Rafah, sans que cela n’émeuve outre mesure la plupart des Palestiniens interrogés par la presse.

À l’unisson, ils rejettent toute tentative de les déplacer hors de la bande de Gaza, réaffirment leur attachement à leurs terres et préfèrent ‘’mourir à Gaza plutôt que d'être déplacés vers le Sinaï égyptien’’.

“Mourir à Gaza plutôt qu’être déplacé dans le Sinaï”

Sur un ton martial, Raed al-Sharafa, 62 ans, déclare: ‘’plutôt mourir ici à Rafah, qu'être déplacé de force vers le Sinaï. Quand nous avons quitté notre maison et avons été évacué vers le sud par la force, ils ont bombardé l’école Abu Bakr Al-Siddiq et mon fils a été tué’’.

Le sexagénaire au regard aigu a expliqué au correspondant d’Anadolu : ‘’J’ai été déplacé de Gaza vers Rafah, même si j’ai refusé de partir, mais j’y été forcé pour le bien de mes petits enfants qui étaient en ma compagnie, car leur père a été arrêté par l’armée israélienne’’.

’’Même s'ils me tuent, je ne quitterai pas la ville de Rafah. C'est totalement impossible et impensable et c'est le cas pour le peuple palestinien tout entier, pas seulement pour moi”, a-t-il insisté.

‘’Comment pouvons-nous quitter notre terre pour le Sinaï !’’, s’est-il indigné.

Azhar Hamdi, une déplacée de Gaza, affiche la même position ferme que Raed Al-Sharafa et rejette l’idée d'être déplacée vers le Sinaï, affirmant : ‘’je préfère mourir sur la terre de Gaza - cette cité palestinienne digne et rebelle - que penser la quitter’’.

’’N'est-il pas suffisant que nous soyons déplacés à l'intérieur de nos terres ?! Nous n'acceptons pas et n'accepterons pas d’être déplacés vers le Sinaï’’, a-t-elle martelé. Et Azhar Hamdi de souligner au correspondant d’Anadolu : ‘’Ils commettent des crimes contre nous, où que nous soyons et où que nous allions, et cela leur importe peu’’.

S'adressant à la chaîne de télévision publique espagnole RTVE en décembre dernier, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déclaré que la campagne de bombardements contre l'enclave palestinienne était déjà “l'une des plus intenses de l'histoire“ et a dénoncé le niveau de destructions de ses villes comme étant “comparable, sinon supérieur, aux niveaux de destruction des villes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale“.

En plus de cinq mois de guerre israélienne sur Gaza, l’on déplore déjà 31.819 morts palestiniens, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé à Gaza.

Des statistiques qui sont loin d’ébranler la détermination d’une population qui expérimente déjà l’arme de la famine, comme le déplorait Joseph Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne, et plusieurs agences de l’Onu. Les efforts déployés par Israël pour faire capituler les Palestiniens et les entraîner vers Sinaï s’articulent autour de cette dernière trouvaille. En vain pour le moment !


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