Des bombardements russes ont visé la ville de Kharkiv dans la nuit de samedi à dimanche (Reuters)

Après avoir échoué à prendre le contrôle de Kiev et de sa région, les troupes russes concentrent depuis mars leurs efforts sur l'est de l'Ukraine, où les combats sont intenses.

Selon la présidence ukrainienne, des bombardements russes ont visé les villes de Mykolaïv, Kharkiv et Zaporijjia dans la nuit de samedi à dimanche.

Samedi, sept civils ont été tués et 10 autres blessés dans la région de Donetsk, lors de précédents bombardements, a annoncé sur Telegram son gouverneur Pavlo Kyrylenko.

Dans la région de Lougansk, une personne a été tuée et deux blessées lors de bombardements, a déclaré sur Telegram son gouverneur Serguiï Gaïdaï. "Les Russes jettent tous leurs efforts pour capturer Severodonetsk" où les frappes "ont été multipliées plusieurs fois ces derniers jours", avait-il assuré samedi soir.

"La ville est en train d'être détruite, comme auparavant ils ont détruit Roubijné et Popasna", a-t- il dénoncé, affirmant que les forces russes avaient détruit le pont de Pavlograd "ce qui va beaucoup compliquer l'évacuation des civils et les livraisons des camions humanitaires".

Intensité redoublée

La ville de Severodonetsk, au cœur des combats, a été la cible d'intenses bombardements, mais les Russes ont reculé, selon lui.

L'état-major ukrainien a relevé dans son point matinal quotidien dimanche que l'armée russe continuait "ses frappes de missiles et aériennes sur tout le territoire", et même avait "augmenté l'intensité en utilisant l'aviation pour détruire des infrastructures cruciales".

La Russie a affirmé avoir frappé un important stock d'armes fournies par les Occidentaux à l'Ukraine.

"Des missiles Kalibr à longue portée et de haute précision, lancés depuis la mer, ont détruit un important envoi d'armes et d'équipements militaires fournis par les Etats-Unis et des pays européens, près de la gare de Malin, dans la région de Jytomyr", selon le ministère russe de la Défense.

Il n'était pas possible de vérifier cette information de source indépendante.

Dans son habituel message vidéo posté samedi en soirée, le président Zelensky a assuré que la situation militaire n'avait "pas évolué de manière significative" samedi, mais que cela "a été très difficile".

Selon lui, la guerre "sera sanglante" mais in fine elle devra se résoudre "via la diplomatie".

Davos en visioconférence

"Les discussions entre l'Ukraine et la Russie auront forcément lieu", a-t-il déclaré à la télévision ukrainienne ICTV.

Le président polonais Andrzej Duda est pour sa part en visite dimanche à Kiev.

Il doit prononcer un discours devant le Parlement ukrainien et rencontrer son homologue, selon la présidence polonaise. "Il rendra surtout hommage à ceux qui, tout en se battant pour défendre l'Ukraine, se battent pour défendre l'Europe", a déclaré son conseiller Jakub Kumoch, cité par l'agence PAP.

Le dirigeant ukrainien prépare également son intervention en visioconférence devant le Forum économique de Davos en Suisse, qui commence lundi après deux ans d'interruption à cause du Covid-19. Il devrait profiter de cette nouvelle tribune pour exhorter le monde à fournir à Kiev davantage d'aides, tant financières que militaires.

M. Zelensky sera lundi le premier chef d'Etat à faire un discours. Nombre de responsables politiques ukrainiens feront le voyage en personne. En revanche, les Russes ont été exclus.

Pour le fondateur du Forum de Davos, Klaus Schwab, l'édition 2022 arrive au moment le plus opportun et (est) la plus importante" depuis la création du forum, il y a plus de 50 ans.

"L'agression de la Russie (...) sera vue dans les livres d'histoire comme l'effondrement de l'ordre né après la Deuxième Guerre mondiale et la Guerre froide", a-t-il estimé lors d'un briefing cette semaine, assurant que Davos ferait tout son possible pour soutenir l'Ukraine et sa reconstruction.

Contre-sanctions russes

Le président américain Joe Biden n'a pas attendu Davos pour signer, pendant une visite officielle à Séoul, la loi adoptée jeudi par le Congrès apportant une gigantesque enveloppe de 40 milliards de dollars en soutien à l'Ukraine, notamment pour son effort de guerre.

Volodymyr Zelensky a salué à plusieurs occasions samedi ce déblocage d'une aide "aujourd'hui plus nécessaire que jamais".

Moscou a diffusé dans la foulée une nouvelle liste de 963 personnalités américaines interdites d'entrée en Russie.

Avec notamment le président américain Joe Biden, son secrétaire d'Etat Antony Blinken, le chef du Pentagone Lloyd Austin, ou encore le PDG de Meta Mark Zuckerberg.

Mais aussi au moins 7 personnalités décédées, dont l'ancien sénateur John McCain, mort en 2018.

Ces "contre-sanctions" visent à "contraindre le pouvoir américain en place, qui essaye d'imposer au reste de la planète un +ordre mondial+ néocolonial (...) à changer sa position et à reconnaître de nouvelles réalités géopolitiques", selon le ministère russe des Affaires étrangères.

L'Ukraine est par ailleurs à l'initiative d'une résolution qui doit être soumise à l'assemblée, dimanche, des 194 membres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Elle doit dénoncer les attaques perpétrées par Moscou sur le système de santé mais aussi condamner les gravissimes conséquences de l’offensive et du blocus des ports ukrainiens sur l'approvisionnement mondial et l'explosion du prix des céréales.

AFP