Poutine : la Russie n'est pas l'ennemi de l'Occident / Photo: Reuters (Reuters)

À quarante-huit heures de la présidentielle en Russie prévue du 15 au 17 mars, la guerre en Ukraine s’invite dans les débats. S’adressant à des médias russes mercredi, Vladimir Poutine a mis en garde Washington sur les risques d’un déploiement des troupes américaines sur le territoire russe ou en Ukraine. Ce serait considéré comme une intervention, a-t-il souligné.

La Russie est techniquement prête à une guerre nucléaire, a dit le chef du Kremlin qui a toutefois assuré que le scénario d'un conflit nucléaire n'était pas enclenché et qu'il ne voyait pas la nécessité de l’usage de ces armes en Ukraine. “D'un point de vue militaro-technique, nous sommes évidemment prêts”, a déclaré le président russe à la chaîne de télévision Rossiya-1 et à l'agence de presse RIA.

"Il y a assez de spécialistes des relations russo-américaines et de la retenue stratégique (aux Etats-Unis). Ainsi, je pense que rien ne presse (un conflit nucléaire), mais nous y sommes prêts", a dit Vladimir Poutine.

Le président russe a rappelé que la doctrine nucléaire russe prévoit le recours à l'arme nucléaire si le pays est attaqué à l'aide d'une arme nucléaire ou de destruction massive ou si l'usage d'armes conventionnelles "menace l'existence même de l'État russe".

"Les armes existent pour être utilisées", a-t-il dit. "Nous avons nos propres principes."

Du reste, les députés français se sont prononcés, mardi 12 mars, à une nette majorité en faveur de l'accord de sécurité signé entre la France et l’Ukraine en réponse à l'invasion russe.

Deux ans après le déclenchement de la guerre, un succès de Vladimir Poutine serait un "cataclysme" pour le "pouvoir d'achat": "les Français vivraient moins bien" avec "une inflation alimentaire puissance dix, une explosion des prix de l'énergie puissance dix", déclaré devant les députés français, le Premier-ministre Gabriel Attal, introduisant le débat sur l’accord militaire entre Paris et Kiev.

"Nous ne nous fixons pas de limite face à la Russie qui, elle, n'en fixe aucune", a ajouté le chef du gouvernement.

“saper l’élection présidentielle”

Sur le terrain des combats, le président russe Vladimir Poutine a accusé mercredi l'Ukraine d'attaquer les régions russes pour tenter de saper l'élection présidentielle prévue du 15 au 17 mars en Russie.

Plusieurs régions russes, notamment celles de Belgorod et de Koursk frontalières de l'Ukraine, sont visées par de multiples attaques de drones ukrainiens pour le deuxième jour consécutif, avec des sites énergétiques en ligne de mire.

Des volontaires russes combattant pour l'Ukraine ont également affirmé mardi s'être infiltrés en Russie et avoir pris le contrôle d'un village frontalier dans la région de Koursk, une incursion que l'armée de Moscou a assuré avoir repoussée.

Ces attaques s'expliquent de manière "très simple. Tout cela se passe sur fond d'échecs (ukrainiens, ndlr) sur la ligne de front", a affirmé M. Poutine dans une interview à la chaîne Rossia 1 et l'agence de presse Ria Novosti, dont des extraits ont été diffusés mercredi matin.

"Néanmoins, l'objectif principal, je n'en ai aucun doute, s'ils n'arrivent pas à saper les élections présidentielles en Russie, c'est au moins de tenter d'empêcher de manière quelconque les citoyens d'exprimer leur volonté", a assuré le président russe.

Signe du pourrissement de la situation sur le terrain, une raffinerie de pétrole a été visée par un drone mercredi à Riazan, à environ 200 km au sud-est de Moscou, une attaque qui a fait des blessés et provoqué un incendie, a indiqué le gouverneur régional.

Des dizaines de drones ont également visé mercredi d'autres régions russes, notamment celles de Belgorod, Briansk, Koursk et Voronej, toutes frontalières de l'Ukraine, sans faire de blessés, selon les autorités régionales respectives.

"La raffinerie de pétrole de Riazan a été attaquée par un drone (...). Selon de premières informations, il y a des blessés", a écrit le gouverneur de la région de Riazan, Pavel Malkov, sur Telegram.

Selon lui, à la suite de l'attaque, "un incendie s'est déclaré" dans cette raffinerie, l'un des plus grands producteurs du carburant pour le centre de Russie et contrôlée par le géant pétrolier Rosneft.

"Tous les services de secours opèrent sur les lieux", a ajouté M. Malkov, précisant s'y être rendu lui-même.

Un autre drone a été abattu mercredi à proximité d'une raffinerie de pétrole dans la région de Léningrad, près de Saint-Pétersbourg (nord-ouest), a indiqué sur Telegram le gouverneur régional, Alexandre Drozdenko, en soulignant que l'attaque "n'a pas fait de victimes, ni de dégâts".


TRT Français et agences