Incident de tir en Philadelphie alors que la communauté musulman célébrait la fête du Aid al-fitr / Photo: AA (AA)

Les incidents anti-musulmans sont en hausse aux Etats-Unis, selon un rapport du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) publié récemment.

Le rapport révèle une augmentation de 56% des incidents anti-musulmans en 2023, dont 44% après le 7 octobre, ce qui laisse supposer une recrudescence des préjugés à l'égard des musulmans.

Les manifestations pro-palestiniennes de l'université de Columbia se sont étendues à d'autres campus américains, ce qui a conduit les groupes pro-israéliens à dénoncer les manifestations comme étant antisémites.

Les efforts déployés par les universités pour réprimer les manifestations ont suscité des débats sur la liberté d'expression, les accusations d'antisémitisme soulevant des inquiétudes quant à la montée de l'islamophobie et des incidents anti-palestiniens aux États-Unis.

Dina Sayedahmed, directrice de la communication de l'Association de défense des droits des musulmans dans le New Jersey, a condamné le recours aux allégations d'antisémitisme pour réduire au silence les étudiants palestiniens et musulmans qui critiquent Israël, estimant qu'il s'agit d'une violation de la liberté d'expression.

"C'est principalement dû aux déclarations déséquilibrées, fallacieuses et malhonnêtes des fonctionnaires sur la Palestine et les musulmans", a déclaré Sayedahmed, notant que le CAIR a été témoin d'une augmentation de plus de 200% des incidents anti-musulmans de 2023 à 2024.

"L'État n'est pas en mesure d'enquêter sur les véritables événements antisémites parce qu'il est inondé de fausses accusations d'antisémitisme", a-t-elle ajouté.

Entre stigmatisation et dévalorisation

Kaiser Aslam, du Centre de vie islamique de l'université Rutgers (ILC), a souligné que les manifestations estudiantines visaient les politiques israéliennes, et non le peuple juif, mettant en évidence l'islamophobie croissante et le harcèlement auquel sont confrontés les étudiants musulmans.

Se référant à une attaque contre le centre au début du mois, il déplore les actes d’intimidation dont les personnes qui critiquent la politique israélienne sont devenues la cible, mais aussi le harcèlement des étudiants musulmans. "Nous sommes devenus la cible non seulement de campagnes de diffamation, mais aussi de véritables actes de violence", a-t-il dit.

Suite à l’augmentation notable des incidents anti-musulmans au sein de l’université, son ILC est devenu un sanctuaire pour les étudiants pro-palestiniens. "Les étudiants musulmans sont parfois la cible de crachats, d'insultes ou d'une personne qui descend de voiture et les invective", révèle M. Aslam.

Tout en reconnaissant que l'antisémitisme est “une réalité aux États-Unis”, il met en garde contre le risque de “dépréciation” du terme lui-même en persistant à qualifier d'antisémitisme la défense de la Palestine.

Auzan Amjad, de l'association des étudiants musulmans de Rutgers, confirme l'existence de tensions de longue date sur le campus, même avant le 7 octobre : "Malheureusement, l'islamophobie est devenue la nature même de notre campus", a-t-il déclaré.

Sumayya, étudiante d'origine palestinienne, a évoqué la montée de l'islamophobie, notant que les musulmans étaient de plus en plus ciblés et harcelés sur les campus.

Après avoir rapporté des cas de harcèlement contre des étudiants à l’intérieur du campus, elle regrette n’avoir reçu aucune réponse de la part de l’administration.

Dans ce contexte tendu, un homme du New Jersey a été inculpé pour crime de haine fédéral, en rapport avec un acte de vandalisme dans le centre ILC situé dans le campus principal de Rutgers à New Brunswick, pendant la fête de l'Aïd-al-Fitr. L'homme, Jacob Beacher, est accusé d’avoir volé et endommagé des objets d'une valeur totale de 40 000 dollars.

AA