A Mayotte, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté national.  Photo: AFP (AFP)

L’opération “place nette” a donc commencé ce mardi 16 avril. Elle va durer 11 semaines et mobilise près de 1.700 policiers, gendarmes et militaires. Cette opération va cibler les 60 individus les plus dangereux, a précisé la ministre déléguée chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux. Lors d'une conférence de presse au ministère de l'Intérieur à Paris ce matin, elle a rappelé que l'île connaissait des crises en série et qu'il fallait des mesures fortes pour en sortir. "Il faut montrer que Mayotte c'est la République, c'est le premier message. C'est l'acte II du retour à l'ordre à Mayotte”.

Les objectifs de cette nouvelle opération sont les mêmes que l’opération Wuambushu lancée il y a un an : lutte contre l’immigration illégale, destruction des bidonvilles et arrestation des chefs de gangs. Le plan d'intervention est en tout cas plus important que la première fois. Les forces de sécurité vont intervenir sur terre, mer et air.

Un avion civil survole l’île afin de surveiller les mouvements migratoires en mer. Deux vedettes côtières vont circuler en permanence et un navire de la marine nationale va stationner dans le canal du Mozambique pour dissuader les embarcations venant de la région des Grands Lacs.

Abrogation du droit du sol

L’état français a donc décidé de répéter la même opération malgré un bilan mitigé de la précédente “place nette”. La ministre déléguée chargée des Outre-mer met en avant des chiffres: 700 bangas (habitat illégal) ont été détruits en un an, 60 personnes ont été interpellées liées aux gangs et 25.000 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés et 592 passeurs ont été interpellés. Cette fois l'objectif c'est de détruite 1300 bangas, cinq millions d'euros sont débloqués pour reloger 700 personnes à Mayotte.

Concernant le retour vers leur pays des personnes en situation illégale, la ministre Marie Guévenoux a affirmé que 110 000 personnes avaient été renvoyées de Mayotte en quatre ans, et même vers les Comores. L'archipel avait pourtant affirmé qu'il n'accepterait pas le retour de ses ressortissants.

Le projet d’annuler le droit du sol sur le territoire de Mayotte comme l’a annoncé le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en février dernier est toujours d’actualité, a souligné la ministre. Elle a assuré qu'il serait présenté en mai prochain. La population de Mayotte a été multipliée par trois en vingt ans. L'argumentation du gouvernement est la suivante: 13 600 titres de séjour sont distribués chaque année à Mayotte, 85% de ces titres le sont grâce au mécanisme du droit du sol. Un enfant né de parents étrangers à Mayotte peut obtenir la nationalité française à partir de ses 13 ans, ses parents peuvent ensuite obtenir des titres de séjour. En supprimant le droit du sol, le gouvernement espère diminuer l'attractivité de l'île.

Pour rappel, Mayotte est une île située au Nord de Madagascar, elle est devenue un département français en 2011 et compte 330 000 habitants. C'est le département français avec la plus forte progression démographique. 75% des nouveaux-nés sont nés de parents non-français. L'insécurité est auss l'un des problèmes majeurs de l'île à tel point que les Comoriens organisent ces dernières années des collectifs de citoyens pour garder leur quartier. L'immigration illégale est rendue responsable de cette situation. Les migrants viennent principalement des Comores et de la région des Grands Lacs.

TRT Français et agences