Des combattants du MNLA / Photo: AFP (AFP)

Depuis août dernier, chaque jour qui passe semble rapprocher les Forces armées maliennes et les rebelles d’une confrontation de grande ampleur dans le nord du pays. En témoignent les revendications des assauts lancés le 12 septembre contre la ville de Bourem, dans la région de Gao et celle de Léré, dans la région de Tombouctou, le dimanche 17 septembre dernier.

La rébellion initiée par des tribus Touareg a lieu dans le nord du Mali depuis 2012. Ce peuple de nomades s’est soulevé pour revendiquer l’indépendance du nord du Mali. Il s’agit d’un territoire de 822 000 km2 que les séparatistes appellent Azawad. D’où la naissance d’une multitude de mouvements rebelles se revendiquant de l’Azawad.

À Bamako, les autorités d’alors, sous le leadership du président Ibrahim Boubcar Keita, aujourd’hui décédé, s’opposèrent farouchement à cette entreprise. La guerre, qui s'ensuivit, fut freinée par un processus de paix communément initié dans la capitale algérienne en 2015 et communément appelé "accord d’Alger". C’est finalement à Bamako, le 15 mai et le 21 juin 2021, que ces accords furent ratifiés.

Pour le chercheur Seidick Abba, spécialiste du Sahel, il convient de distinguer deux groupes opposés aux autorités maliennes. Les signataires de l'accord d’Alger, avec des groupes armés comme le MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad) ou encore le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA) qui se sont associés pour créer la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad), une plateforme qui comprend aussi une branche du Mouvement Arabe de l’Azawad et une tendance du Groupe d’Autodéfense Imghad et Alliés (GATIA).

Il y a également des non signataires de l’accord malgré leur participation à la rébellion. Ces regroupements n’ont que des revendications politiques. C’est dans cette catégorie qu’on retrouve le MSA, Mouvement pour le salut de l’Azawad de Moussa Ag Daoussahak.

Le secrétaire général du MSA est, du reste, membre du Conseil national de la transition (le parlement provisoire).

Depuis août, les mouvements armés semblent passer à une vitesse supérieure du fait de l’intensification des attaques. Ils ont même mutualisé leurs forces pour créer, en mai 2021, une coalition appelée “Cadre Stratégique Permanent pour la Paix, la Sécurité et le Développement (CSP-PSD)”.

Les militaires au pouvoir à Bamako les ignorent et ne les considèrent pas comme des interlocuteurs valables.

En décembre 2022, leur demande d’évaluation de l’accord d’Alger s’était soldée par une fin de non-recevoir de Bamako.

Sept mois plus tôt, en décembre 2021, le gouvernement a gelé les indemnités destinées aux représentants des groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger.

Une décision mal ressentie par ces leaders rebelles qui se radicalisent davantage.

La rébellion proclame son intention de récupérer les emprises des bases militaires libérées par la MINUSMA dont le dernier soldat est censé quitter le sol malien en fin d’année.

C’est la raison d’être des assauts lancés le 12 septembre contre la ville de Bourem, dans la région de Gao et celle de Léré, dans la région de Tombouctou, le dimanche 17 septembre dernier.

Avant ces attaques, il y avait déjà eu, à la mi-août, le raid sur Ber qui a été un déclencheur des hostilités avec les séparatistes.

Des groupes terroristes

À côté des groupes armés, il y a des groupes terroristes dont l’agenda est d’instaurer un modèle de société dans le nord du Mali.

Parmi les deux grands groupes, il y a le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), allié d’Al-Qaïda et l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS).

L’agenda de ces groupes terroristes contraste avec les intérêts des groupes rebelles. La coexistence est difficile. En 2012, après avoir aidé les combattants de l’Azawad à conquérir des villes du nord du Mali, les terroristes s’étaient imposés avant d’être délogés en 2014 par les forces françaises de la mission Serval.

La tâche s’annonce immense pour l’armée malienne, d’autant plus qu’il lui faudra combattre sur deux fronts, les rebelles de l’Azawad et les terroristes.

D’ici à ce que les autorités militaires ne retardent le chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel du fait de l’insécurité dans le nord du pays, il n’y a qu’un pas d’après le chercheur Sedik Abba .

La configuration d’une bataille d’envergure se dessine entre l’armée et les rebelles d’une part et les terroristes d’autre part.

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