Macron réclame des garanties de sécurité pour l'Ukraine à l'Otan / Photo: AA (AA)

Lors d'un discours au Forum de sécurité régional Globsec à Bratislava, il a aussi invité l'Union européenne à "repenser" sa gouvernance et "inventer" d'autres "formats" afin de pouvoir intégrer plus vite les candidats l'adhésion, des Balkans à l'Ukraine et la Moldavie.

"Si nous voulons (..) peser face à la Russie, si nous voulons être crédibles vis-à-vis des Ukrainiens, nous devons donner à l’Ukraine les moyens d’empêcher toute nouvelle agression (russe) et l'inclure dans (une) architecture de sécurité crédible", a martelé le chef de l'Etat.

"C'est pourquoi je suis favorable, et ce sera l'objet des discussions collectives dans les prochaines semaines, d'ici au sommet de Vilnius, de donner des garanties de sécurité tangibles et crédibles à l'Ukraine", a-t-il insisté.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan doivent réaffirmer les 11 et 12 juillet à Vilnius leur soutien politique et militaire à l'Ukraine, suite à l’offensive russe.

Ces garanties pourront être accordées par les différents Etats membres de l'Otan, en attendant une entrée de l'Ukraine dans l'Alliance, qui restera très éloignée aussi longtemps qu'elle sera en guerre avec la Russie.

Israël, la référence ?

Elles peuvent passer par la livraison d'armes et de technologies ainsi que la formation de personnels militaires, notamment de pilotes de chasse, susceptibles de la rapprocher au plus vite des standards de l'Otan.

"Nous devons construire quelque chose entre la sécurité fournie à Israël (par les Etats-Unis, ndlr) et une adhésion pleine et entière" à l'Otan, a souligné Emmanuel Macron, jugeant peu probable un consensus sur l'adhésion à Vilnius.

A l'Est, certains craignent qu'un engagement insuffisant des alliés de l'Ukraine ne conduise à geler la ligne de front actuelle et à consolider les gains territoriaux de la Russie sans ramener la paix.

Emmanuel Macron, dont les initiatives diplomatiques depuis le début de l'offensive russe ont souvent laissé ses partenaires de l'Est dubitatifs, sinon méfiants, s'est aussi voulu rassurant sur ce point.

"La paix, ce ne peut pas être un cessez-le-feu qui consacre un état de fait et reviendrait à créer un conflit gelé", a-t-il dit.

"Nous devons nous mettre en situation de soutenir dans la durée l'Ukraine dans un conflit de haute et moyenne intensité", a-t-il martelé.

Emmanuel Macron avait hérissé plus d'une fois ses pairs en suggérant de ne pas "humilier" la Russie et de lui accorder également des "garanties de sécurité" au sortir de la guerre afin de ne pas répéter les erreurs de 1918 qui conduisirent à l'avènement de l'Allemagne nazie.

"Cohabiter avec la Russie"

Il a depuis réajusté son discours, martelant que la paix ne peut être négociée qu'aux conditions de l'Ukraine et qu'elle passera par une "défaite" de la Russie.

Le chef de l'Etat s'est aussi lancé dans un long plaidoyer en faveur de la souveraineté européenne notamment sur le plan militaire, perçue avec beaucoup de circonspection en Europe de l'Est.

Une "Europe de la défense", "pilier européen au sein de l'Otan", est "indispensable pour être "crédibles dans la durée", a-t-il dit en appelant les Européens à se doter d'une "capacité de frappe dans la profondeur" et à acheter des armes européennes.

La "géographie ne changera pas", il faudra aussi "cohabiter de la manière la plus pacifique, sans naïveté aucune, avec la Russie de demain", a-t-il insisté.

Les Européens de l'Est sont viscéralement attachés à l'Otan, seul rempart à leurs yeux face à ce qu'ils perçoivent comme une menace russe existentielle, et voient d'un mauvais œil le renforcement de la souveraineté européenne prôné par le président français.

AFP