L'Ukraine dit résister à Severodonetsk, ultimatum russe (AFP)

La Russie a lancé un ultimatum aux combattants ukrainiens retranchés dans l'usine chimique Azot, en bordure sud-ouest de la ville, leur sommant de "cesser leur résistance absurde et de déposer les armes" à compter de mercredi 08h00 heure de Moscou (05h00 GMT).

Un couloir humanitaire sera ouvert pour l'évacuation des civils, a promis le ministère russe de la Défense, cité par l'agence Interfax.

Le maire de Severodonetsk, Oleksandr Stryouk, a qualifié la situation de "très difficile" tout en déclarant que la communication était maintenue avec la ville en dépit de la destruction du dernier pont enjambant la rivière Siverskyi Donets. "Les troupes russes essaient de prendre d'assaut la ville mais l'armée tient bon", a-t-il dit.

Selon l'Ukraine, plus de 500 civils sont piégés à l'intérieur de l'usine Azot. Des évacuations sont entreprises dès que se profile une accalmie dans les combats et il existe une possibilité de transport, a précisé Oleksandr Stryouk.

"Mais ce sont des évacuations discrètes, effectuées une par une, et nous saisissons chaque occasion", a-t-il ajouté.

Selon le gouverneur de la province de Louhansk, à laquelle appartient Severodonetsk, "les bombardements sont si puissants que les gens ne peuvent plus rester dans les abris, leur état psychologique est très précaire". "Ces derniers jours, les habitants sont finalement prêts à partir", a-t-il dit.

L'Ukraine tient toujours Lyssytchansk, ville-jumelle de Severodonetsk sur l'autre rive de la Donets, mais après la destruction des trois ponts reliant les deux agglomérations, les forces ukrainiennes encore à Severodonetsk courent le risque d'être encerclées.

Damien Magrou, porte-parole d'une unité de volontaires étrangers qui participe à la défense de Severodonetsk, reconnaît qu'une "large poche de défenseurs" pourrait être "coupée du reste des troupes ukrainiennes", comme à Marioupol, le grand port sur la mer d'Azov, dans le sud de l'Ukraine, dont la Russie s'est emparée le mois dernier après plusieurs mois de siège.

Contre-attaques

La bataille de Severodonetsk - une ville de près de 100.000 habitants avant la guerre - est l'épicentre des combats pour le contrôle du Donbass, principal objectif que s'est fixé Moscou après avoir renoncé à la prise de Kiev dans les premières semaines de son opération d'invasion, lancée le 24 février.

Kiev dit perdre 100 à 200 soldats tués chaque jour, et comptabiliser des centaines de blessés. Moscou ne livre quasiment aucun chiffre sur ses pertes, qui seraient considérables selon les Occidentaux.

Dans un message vidéo diffusé la nuit dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié la guerre du Donbass de l'une des plus brutales dans l'histoire de l'Europe.

La région de l'est de l'Ukraine, constituée des deux régions administratives de Louhansk et Donetsk, est en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014 et le président russe Vladimir Poutine s'est fixé pour but d'en conquérir la totalité du territoire.

Outre Severodonetsk, d'autres grandes batailles pourraient suivre dans le Donbass. Selon l'Ukraine, la Russie masse des troupes pour attaquer Slaviansk depuis le nord et le long d'un front près de Bakhmout dans le sud de la région.

Kiev réclame à l'Occident des pièces d'artillerie plus nombreuses et plus performantes.

"Nous avons besoin d'armes à la portée suffisante pour réduire l'avantage en équipement de la Fédération russe", a déclaré mardi Volodimir Zelensky à des journalistes danois lors d'une conférence de presse en ligne.

Selon le conseiller à la présidence ukrainienne Mykhailo Podolyak, l'Ukraine a besoin de 1.000 obusiers, 500 chars et 1.000 drones entre autres armes lourdes.

Les autorités ukrainiennes espèrent qu'en concentrant ses efforts sur le Donbass, l'armée russe dégarnira d'autres fronts et s'exposera à des contre-attaques, comme le mois dernier lorsque les forces ukrainiennes ont pu reconquérir des territoires autour de Kharkiv, dans le nord-est du pays.

Kiev a récemment annoncé avoir enregistré des gains modestes mais solides dans la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine.

Reuters